Un sommet tripartite : Russie, Iran Turquie

Vladimir Poutine s’est rendu cette semaine en Iran - visite marquée par un sommet tripartite avec ses homologues iranien et turc, suivant le format de réunions dit d’Astana qui concerne les pourparlers relatifs à la Syrie. Mais l’objectif de cette rencontre n’était pas limité à la Syrie. Il s’agissait aussi de renforcer véritablement les liens entre ces trois pays et d’afficher un axe crédible de confrontation face à l’Occident.

Le partenariat entre la Russie et l’Iran se veut stratégique, avec, selon la Maison Blanche, l'achat potentiel par la Russie de drones iraniens qui pourraient être utilisés contre l’Ukraine. Il y a aussi la volonté des deux pays à trouver un refuge économique. Dmitri Peskov, le porte-parole duKremlin, a révélé que la Russie espère signer bientôt un traité de coopération stratégique avec l’Iran qui élargirait ainsi leur collaboration dans les domaines bancaire et financier et selon SHANA, l’agence de presse du ministère iranien du pétrole, la Société nationale iranienne du pétrole (SNIP) et le Gazprom russe auraient signé un accord d’une valeur d’environ 40 milliards de dollars.

Téhéran, qui se voit comme “le centre d’une diplomatie dynamique”, selon son Ministre des Affaires étrangères, a également offert à Poutine la chance de rencontrer le Président turc Erdogan: une rencontre à haut potentiel, avec ce dernier qui, en dehors de vouloir librement agir militairement contre les Kurdes en Syrie, a cherché à se mettre au centre de l’échiquier international en jouant le médiateur pour un règlement pacifique de la guerre contre l’Ukraine, et a aidé les négociations sur le blé, devenu un enjeu stratégique. Comme l’Iran, la Turquie a aussi besoin du marché russe, alors qu’elle est en proie à une inflation officielle de 80% et une dévaluation de sa monnaie, dans un contexte de campagne électorale tendu pour Erdogan.

Pour la Russie enfin, cette rencontre est un véritable enjeu de puissance. Elle doit démontrer qu’elle est capable de créer des alliances - contre l’Occident.

Et c’est bien comme cela qu’il faut voir cette alliance - et réagir en fonction. Il faut en finir avec la naïveté du passé. Écoutons les pays qui nous alertent des dangers que constituent ces différents acteurs depuis longtemps. Les pays d’Europe centrale nous parlent des velléités d’hégémonie de Poutine depuis des années. Les Kurdes, les opposants turques, mais aussi les Grecs et les Chypriotes nous alertent sur Erdogan depuis longtemps. Et au Moyen-Orient, Israël et certains pays arabes ne cachent pas leur crainte envers l’Iran.

Il est plus que temps d’entendre cela et, pour l’Europe, de se positionner en fonction. Avant-hier, le danger iranien a de nouveau été ignoré par le parlement belge qui vient de voter une loi qui permettra de libérer un « diplomate » iranien qui avait planifié une attaque terroriste contre des opposants iraniens à Paris, tandis que la Suède est menacée pour avoir condamné un officiel iranien reconnu coupable de crimes pendant la purge des dissidents à la fin des années 80.

Le grand Simon Wiesenthal disait que “la liberté n’est pas un cadeau du ciel, et qu’il faut se battre pour elle chaque jour”. Ses paroles sonnent aujourd’hui plus vraies que jamais.