Bilan en demi-teinte des chiffres des actes antisémites 2022
Aujourd’hui je voudrais vous parler des chiffres des actes antisémites mais aussi plus largement de la lutte contre l’antisémitisme et notamment de l’engagement et du travail de l’état car la sortie des chiffres des actes antisémites est un moment utile pour faire un point sur ce qui a été fait.
Pour rappel, ces chiffres sont ceux du SPCJ (Service de protection de la communauté juive) et du ministère de l’intérieur. Pour l’année 2022 436 actes antisémites ont être recensés. Si une diminution de 26% par rapport à 2021, pourrait nous donner des raisons d’espérer, il n’en est en réalité rien.
La raison est qu' il faut absolument remettre ces chiffres dans le contexte de ce qu’ils représentent de la réalité de l’antisémitise dans notre pays: les actes recensés sont comptabilisés uniquement à partir des dépôts de plainte. Mais nous savons au moins depuis notre propre radiographie de l’antisémitisme que nous avons publié au début de l’année 2022, que sur l’ensemble des Français juifs qui ont déjà vécu un acte antisémite au cours de leur vie, 80% déclarent ne pas déposer plainte.
La deuxième raison est que nous sommes toujours à un niveau élevé en dessous duquel nous ne parvenons tout simplement pas à passer depuis le début des années 2000. La moyenne est de 500 actes par an et jamais nous ne sommes allés en dessous de 350, ce qui fait quand même une moyenne de 1 à 2 par jour.
La réalité est que l’antisémitisme est devenu un phénomène structurel en France..auquel je crains tout le monde commence à s’habituer.
Et je veux pour preuve que si certains pourraient se réjouir d’une soi disante baisse des chiffres quand la même année UN, voire potentiellement trois homicides antisémites, ont eu lieu, alors c’est vraiment que notre société s’habitue au pire !.
Il y a d’abord eu le meurtre en mai dernier de M. Hadjadj, cet octogénaire défenestré par son voisin à Lyon, pour lequel la circonstance aggravante d’antisémitisme a été retenue et qui figure donc dans ces chiffres ; il y’a ensuite celui de Jérémy Cohen et celui M. Haddad assassiné là encore par un voisin à coups de haches. Dans ces deux cas, la circonstance aggravante d’antisémitisme n’a pas été retenue en dépit d’éléments qui auraient pu y conduire.
Le fait que cela n’a pas produit un choc national, devrait nous interroger.
Quant au gouvernement, il s’apprête à sortir un nouveau plan national de lutte contre l’antisémitisme, le racisme et les discriminations . L’initiative est à saluer. Toutefois, certains développements interrogent. Notamment le fait que cette semaine également nous avons appris la dissolution du conseil scientifique de la DILCRAH (la délégation interministérielle de la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et l’homophobie). Le signal que cela envoie est pour le moins difficile à comprendre.
Est-ce que la lutte contre ces fléaux reste une priorité pour le gouvernement et quels seront les moyens alloués? Le plan sera dévoilé la semaine prochaine. Nous aurons donc l’occasion d’en reparler, mais il me semble essentiel que la lutte contre l’antisémitisme soit menée de manière spécifique et ciblée et qu’elle demeure pilotée par le plus haut niveau de l’état. Dit autrement la lutte contre l’antisémitisme doit rester une priorité nationale dans son traitement.
La publication du plan national de lutte contre l’lantis2mitisme, le racisme et les discriminations sera déterminante dans un tel contexte et permettra sûrement de répondre à ces questions. Le dîner du CRIF qui aura lieu quant à lui le mois prochain sera également un moment fort et une occasion donnée à l’exécutif de clarifier ses positions. Il revient au gouvernement de ne pas manquer ces rendez-vous, afin de lever tout doute sur sa détermination à lutter contre l’un des fléaux les plus délétères de notre société.