Europe, réveille toi !

L’Europe a besoin de prendre conscience de la menace que représente l’antisémitisme.

Bien sûr, elle pense être lucide mais, en réalité, elle ne l’est que partiellement.

Le problème est beaucoup plus important et plus profond que ce que l’on imagine ; tout comme les enjeux sont plus considérables, et pas seulement pour les juifs, mais pour les valeurs fondamentales de l’Europe à commencer par la protection de la dignité humaine.

Pro-européen depuis de longues années dont l’épouse et les trois enfants sont des citoyens européens, le sujet me tient particulièrement à cœur.

Nous avons vécu en Europe de 2000 à 2001 à un moment où le discours antisémite refaisait surface dans plusieurs pays de l’Europe de l’ouest.

Cela était devenu une telle évidence qu’il était à portée de main.

Je me souviens d’un rassemblement dans le centre de Londres où l’orateur scandait la « dernière blague » sur les juifs : « Quelle est la différence entre un juif et une pizza ? Ils vont tous les deux dans un four mais au moins la pizza ne fait pas de bruit »

La foule riait aux éclats. Alors que ma femme s’indignait ouvertement, un « gentleman » anglais la regarda droit dans les yeux et lui dit : « F…k les juifs. »  Personne, autour, ne protesta.

Il y a également eu des incidents à l’école internationale de nos enfants dans la banlieue de Genève.

En effet, un élève plus âgé, le fils d’un ambassadeur à l’ONU d’un pays du Golfe, avait interpellé notre plus jeune fils. Il disait avoir entendu la rumeur que nous étions juifs et espérait que ce n’était pas le cas car il n’aimait pas les Juifs. Notre fils terrorisé admis tout de même que, oui, il était juif, avant de se lancer à la recherche de la protection de son frère ainé dans l’école.

Quand nous sommes allés rapporter l’incident, le Directeur de l’école n’a pas même osciller un battement de cil. Certainement, ne voulait-il pas courir le risque de perdre sa clientèle arabe.

Il y eu aussi le cas d’une élève israélienne. Lors du « International Day », il était demandé aux enfants de porter quelque chose qui venait de leur pays natal. Ainsi, décida-t-elle de porter le drapeau israélien comme paréo.

Un groupe d’élèves s’approcha, l’insulta et déversa du soda sur sa tête. Elle se libéra de son étreinte et courut en direction d’un surveillant où, à bout de souffle, elle raconta ce qu’il venait de se passer. Le surveillant resta de marbre et dit : « Nous n’intervenons pas dans les querelles politiques dans cet école. C’est entre vous et eux.»

Pendant ce temps, alors qu’Arafat avait refusé la proposition de Clinton et de Barak pour un accord à deux Etats et déclenché une deuxième Intifada, la nécessité pour Israël de se défendre est devenue la cible de commentaires souvent incendiaires dans de nombreux médias européens.

Ai-je pu ainsi « étoffer ma collection » d’exemples, tels que les caricatures et les gros titres dans la presse espagnole qui « réinventait » l’Holocauste, suggérant que les Israéliens étaient les nouveaux nazis et les Palestiniens les nouveaux juifs.

Puis, vint le drame du 11 septembre et une rumeur incroyable venue de Grèce. La presse grecque avait accrédité l’idée qu’il s’agissait d’un « complot sioniste » et que des milliers de juifs avaient été prévenus de ne pas s’approcher du World Trade Center, ce jour là.  A ces médias, je leur ai toujours demandé si AJC pouvait leur envoyer une liste des victimes juives du 11 septembre pour réfuter cette rumeur macabre.

Je me souviens également d’une réunion tendue, en novembre 2001, avec Hubert Védrine, alors Ministre français des Affaires étrangères, lors de l’ouverture différée de l’Assemblée générale de l’ONU.

Nous avions exprimé notre préoccupation à propos de la menace grandissante que subissaient les juifs en France ; une menace dont j’avais été le témoin depuis mon perchoir genevois et suite à mes nombreuses discussions avec les représentants de la communauté juive française.

Sa réponse fut immédiate et lapidaire : « Il n’y pas d’antisémitisme en France. C’est un problème de vandalisme »

En effet, lui et ses successeurs sont restés sur cette même politique jusqu’à la nomination de Nicolas Sarkozy en tant que Ministre de l’Intérieur, qui pris le problème au sérieux, relayé ensuite par le Président Hollande et son Premier Ministre, Manuel Valls.

De temps en temps, on nous racontait, en France, que l’antisémitisme était, en réalité, le fruit d’une « violence intercommunautaire ». Cependant, le fait que les juifs étaient systématiquement et en grande majorité les victimes de ces attaques ne semblait pas choqués ces personnes qui se voulaient « les défenseurs d’une certaine  impartialité. »

Puis, on nous racontait également que cela était le résultat regrettable du conflit israélo-palestinien. Le fait que les juifs étaient la cible d’attaques pouvait en quelque sorte être contextualiser, il était donc « normal » que des juifs puissent être les otages d’un conflit présent sur un autre continent tant que la paix n’aboutirait pas.

Je pourrais encore relater des centaines d’autres réunions avec des responsables européens, sans parler des dizaines de tribunes dans la presse, des discours et des conférences où AJC a bataillé pour faire comprendre la réalité des choses.

Souvent, nous étions accueillis avec un certain degré de scepticisme et de doute. Prétendre le contraire et nier la situation semblait la faire disparaître comme par magie.

Heureusement, certains dirigeants européens, et je les remercie, sont devenus plus sensibles et préoccupés par la question. Malheureusement, un temps précieux avait été perdu et les racines de l’antisémitisme étaient de plus en plus profondes.

A refuser d’en parler pendant des années, l’antisémitisme avait grandement eu le temps de tisser sa toile.

Le travail de longue haleine de diabolisation d’Israël de certains médias irresponsables –  Gaza : nouveau ghetto de Varsovie, Israël : nouvel assassin du Christ et des Palestiniens ; Israël : le pays qui collectait les organes des Palestiniens et dévorait leurs enfants – avait laissé des traces.

Les années passées à regarder dans la mauvaise direction, à minimiser les comportements haineux, à publier des discours sans mener des actions appropriées, en définitive, à sous-estimer le problème, ont eu un impact.

Lorsqu’un sondage de l’U.E. publié l’an dernier a révélé que 40 pour cent des Juifs de Belgique, de France et de Hongrie avaient considéré l’émigration et que plus de 20 pour cent des Juifs européens évitaient des événements juifs ou des sites par peur, la sonnette d’alarme doit être tirée et tout doit être mis en œuvre pour faire face à ce problème qui menace les valeurs européennes.

Lorsque des partis politiques néo-nazis, donc ouvertement antisémites, se sont installés dans les parlements nationaux et maintenant au Parlement européen lui-même, la sonnette d’alarme doit plus que jamais être tirée.

Lorsque des attaques meurtrières, que ce soit à Toulouse où trois enfants et un adulte juifs furent massacrés, au Musée Juif de Bruxelles où quatre personnes furent assassinés, samedi dernier ou à Créteil où ​​deux frères qui portaient des kippas furent battus quasiment à mort, la sonnette d’alarme a bien plus encore besoin d’être tirée.

Il est grand temps pour l’Europe de faire face à la dure réalité que l’antisémitisme est bien présent et que des mesures, enfin, concrètes sont nécessaires.

Améliorer les services de renseignement pour plus de sécurité, alourdir les condamnations pour une prise de conscience civique, responsabiliser les médias pour créer une solidarité publique, pointer du doigt l’antisémitisme lors de manifestations sportives et publiques, endiguer les discours de haine sur internet et les réseaux sociaux, tels sont les nombreux défis à affronter.

La menace vient d’une extrême droite ressuscitée par la colère populiste où crise économique et immigration incontrôlée sont les maîtres mots.

La menace vient d’une extrême gauche qui systématiquement refuse à Israël le droit d’exister et qui diabolise l’Etat juif dès qu’elle le peut.

Enfin, il vient d’une certaine partie de la communauté musulmane européenne où certains ont embrassé le virus mortel de l’antisémitisme nourri dans les mosquées, les « medersas » ou les médias.

Il y a toutefois une bonne nouvelle. Hormis la Hongrie où les doutes subsistent, aucun gouvernement européen ne tolère aujourd’hui l’antisémitisme et encore moins ne l’encourage. Quant aux communautés juives, elles sont déterminées à se tenir debout et rester fières d’être ce qu’elles sont : juives et européennes.

L’avenir de la communauté juive en dépend et peut-être celui de l’Europe aussi.

L’Europe a besoin de prendre conscience de la menace que représente l’antisémitisme.

Bien sûr, elle pense être lucide mais, en réalité, elle ne l’est que partiellement.

Le problème est beaucoup plus important et plus profond que ce que l’on imagine ; tout comme les enjeux sont plus considérables, et pas seulement pour les juifs, mais pour les valeurs fondamentales de l’Europe à commencer par la protection de la dignité humaine.

Pro-européen depuis de longues années dont l’épouse et les trois enfants sont des citoyens européens, le sujet me tient particulièrement à cœur.

Nous avons vécu en Europe de 2000 à 2001 à un moment où le discours antisémite refaisait surface dans plusieurs pays de l’Europe de l’ouest.

Cela était devenu une telle évidence qu’il était à portée de main.

Je me souviens d’un rassemblement dans le centre de Londres où l’orateur scandait la « dernière blague » sur les juifs : « Quelle est la différence entre un juif et une pizza ? Ils vont tous les deux dans un four mais au moins la pizza ne fait pas de bruit »

La foule riait aux éclats. Alors que ma femme s’indignait ouvertement, un « gentleman » anglais la regarda droit dans les yeux et lui dit : « F…k les juifs. » Personne, autour, ne protesta.

Il y a également eu des incidents à l’école internationale de nos enfants dans la banlieue de Genève.

En effet, un élève plus âgé, le fils d’un ambassadeur à l’ONU d’un pays du Golfe, avait interpellé notre plus jeune fils. Il disait avoir entendu la rumeur que nous étions juifs et espérait que ce n’était pas le cas car il n’aimait pas les Juifs. Notre fils terrorisé admis tout de même que, oui, il était juif, avant de se lancer à la recherche de la protection de son frère ainé dans l’école.

Quand nous sommes allés rapporter l’incident, le Directeur de l’école n’a pas même osciller un battement de cil. Certainement, ne voulait-il pas courir le risque de perdre sa clientèle arabe.

Il y eu aussi le cas d’une élève israélienne. Lors du « International Day », il était demandé aux enfants de porter quelque chose qui venait de leur pays natal. Ainsi, décida-t-elle de porter le drapeau israélien comme paréo.

Un groupe d’élèves s’approcha, l’insulta et déversa du soda sur sa tête. Elle se libéra de son étreinte et courut en direction d’un surveillant où, à bout de souffle, elle raconta ce qu’il venait de se passer. Le surveillant resta de marbre et dit : « Nous n’intervenons pas dans les querelles politiques dans cet école. C’est entre vous et eux.»

Pendant ce temps, alors qu’Arafat avait refusé la proposition de Clinton et de Barak pour un accord à deux Etats et déclenché une deuxième Intifada, la nécessité pour Israël de se défendre est devenue la cible de commentaires souvent incendiaires dans de nombreux médias européens.

Ai-je pu ainsi « étoffer ma collection » d’exemples, tels que les caricatures et les gros titres dans la presse espagnole qui « réinventait » l’Holocauste, suggérant que les Israéliens étaient les nouveaux nazis et les Palestiniens les nouveaux juifs.

Puis, vint le drame du 11 septembre et une rumeur incroyable venue de Grèce. La presse grecque avait accrédité l’idée qu’il s’agissait d’un « complot sioniste » et que des milliers de juifs avaient été prévenus de ne pas s’approcher du World Trade Center, ce jour là. A ces médias, je leur ai toujours demandé si AJC pouvait leur envoyer une liste des victimes juives du 11 septembre pour réfuter cette rumeur macabre.

Je me souviens également d’une réunion tendue, en novembre 2001, avec Hubert Védrine, alors Ministre français des Affaires étrangères, lors de l’ouverture différée de l’Assemblée générale de l’ONU.

Nous avions exprimé notre préoccupation à propos de la menace grandissante que subissaient les juifs en France ; une menace dont j’avais été le témoin depuis mon perchoir genevois et suite à mes nombreuses discussions avec les représentants de la communauté juive française.

Sa réponse fut immédiate et lapidaire : « Il n’y pas d’antisémitisme en France. C’est un problème de vandalisme »

En effet, lui et ses successeurs sont restés sur cette même politique jusqu’à la nomination de Nicolas Sarkozy en tant que Ministre de l’Intérieur, qui pris le problème au sérieux, relayé ensuite par le Président Hollande et son Premier Ministre, Manuel Valls.

De temps en temps, on nous racontait, en France, que l’antisémitisme était, en réalité, le fruit d’une « violence intercommunautaire ». Cependant, le fait que les juifs étaient systématiquement et en grande majorité les victimes de ces attaques ne semblait pas choqués ces personnes qui se voulaient « les défenseurs d’une certaine  impartialité. »

Puis, on nous racontait également que cela était le résultat regrettable du conflit israélo-palestinien. Le fait que les juifs étaient la cible d’attaques pouvait en quelque sorte être contextualiser, il était donc « normal » que des juifs puissent être les otages d’un conflit présent sur un autre continent tant que la paix n’aboutirait pas.

Je pourrais encore relater des centaines d’autres réunions avec des responsables européens, sans parler des dizaines de tribunes dans la presse, des discours et des conférences où AJC a bataillé pour faire comprendre la réalité des choses.

Souvent, nous étions accueillis avec un certain degré de scepticisme et de doute. Prétendre le contraire et nier la situation semblait la faire disparaître comme par magie.

Heureusement, certains dirigeants européens, et je les remercie, sont devenus plus sensibles et préoccupés par la question. Malheureusement, un temps précieux avait été perdu et les racines de l’antisémitisme étaient de plus en plus profondes.

A refuser d’en parler pendant des années, l’antisémitisme avait grandement eu le temps de tisser sa toile.

Le travail de longue haleine de diabolisation d’Israël de certains médias irresponsables – Gaza : nouveau ghetto de Varsovie, Israël : nouvel assassin du Christ et des Palestiniens ; Israël : le pays qui collectait les organes des Palestiniens et dévorait leurs enfants – avait laissé des traces.

Les années passées à regarder dans la mauvaise direction, à minimiser les comportements haineux, à publier des discours sans mener des actions appropriées, en définitive, à sous-estimer le problème, ont eu un impact.

Lorsqu’un sondage de l’U.E. publié l’an dernier a révélé que 40 pour cent des Juifs de Belgique, de France et de Hongrie avaient considéré l’émigration et que plus de 20 pour cent des Juifs européens évitaient des événements juifs ou des sites par peur, la sonnette d’alarme doit être tirée et tout doit être mis en œuvre pour faire face à ce problème qui menace les valeurs européennes.

Lorsque des partis politiques néo-nazis, donc ouvertement antisémites, se sont installés dans les parlements nationaux et maintenant au Parlement européen lui-même, la sonnette d’alarme doit plus que jamais être tirée.

Lorsque des attaques meurtrières, que ce soit à Toulouse où trois enfants et un adulte juifs furent massacrés, au Musée Juif de Bruxelles où quatre personnes furent assassinés, samedi dernier ou à Créteil où ​​deux frères qui portaient des kippas furent battus quasiment à mort, la sonnette d’alarme a bien plus encore besoin d’être tirée.

Il est grand temps pour l’Europe de faire face à la dure réalité que l’antisémitisme est bien présent et que des mesures, enfin, concrètes sont nécessaires.

Améliorer les services de renseignement pour plus de sécurité, alourdir les condamnations pour une prise de conscience civique, responsabiliser les médias pour créer une solidarité publique, pointer du doigt l’antisémitisme lors de manifestations sportives et publiques, endiguer les discours de haine sur internet et les réseaux sociaux, tels sont les nombreux défis à affronter.

La menace vient d’une extrême droite ressuscitée par la colère populiste où crise économique et immigration incontrôlée sont les maîtres mots.

La menace vient d’une extrême gauche qui systématiquement refuse à Israël le droit d’exister et qui diabolise l’Etat juif dès qu’elle le peut.

Enfin, il vient d’une certaine partie de la communauté musulmane européenne où certains ont embrassé le virus mortel de l’antisémitisme nourri dans les mosquées, les « medersas » ou les médias.

Il y a toutefois une bonne nouvelle. Hormis la Hongrie où les doutes subsistent, aucun gouvernement européen ne tolère aujourd’hui l’antisémitisme et encore moins ne l’encourage. Quant aux communautés juives, elles sont déterminées à se tenir debout et rester fières d’être ce qu’elles sont : juives et européennes.

L’avenir de la communauté juive en dépend et peut-être celui de l’Europe aussi.