Radio J : La chronique hebdo de Simone Rodan-Benzaquen dans le Grand Journal du 16 Septembre 2022. Thème : "Financement par Moscou de partis politiques européens"

Un document des renseignements américains révèle que la Russie a envoyé au moins 300 millions de dollars depuis 2014 à des partis politiques et des candidats dans plus d’une vingtaine de pays. Cela confirme des divulgations précédentes, notamment en 2019, quand la presse italienne avait révélé des tractations financières de plusieurs millions d’euros entre un proche de Matteo Salvini (du parti d'extrême droite Lega) et des interlocuteurs russes. Ou encore, côté autrichien, quand le leader d’extrême droite, Heinz Christian Strache, avait dû abandonner son poste de Vice- Chancelier suite aux révélations de possibles malversations en lien avec la Russie. En France, on le sait, même s’il n’est pas connu s’il y a eu financement direct, le Front National a emprunté 10 millions d’euros à des banques russes pour financer ses campagnes électorales.

Et les populistes ne sont pas les seuls à être sous emprise. Vladimir Poutine a également cherché à s’attirer les faveurs de personnalités plus consensuelles, telles que François Fillon qui avait commencé à nouer une proximité avec Poutine, alors qu’ils étaient tous deux premiers ministres ou encore l’ancien chancelier allemand Schröder, qui a été embauché pendant des années pour travailler chez le pétrolier Rosneft. On sait aussi que certaines organisations écologistes non gouvernementales se sont embarquées dans les objectifs de la Russie, notamment via des financements de Gazprom.

Poutine utilise depuis des années une variété de moyens destinés à enfoncer l'Europe et à provoquer sa désintégration, à travers trois vecteurs.

D’abord, comme je viens de le dire, la diplomatie clandestine, qui permet de créer des contacts avec des mouvements populistes et des partis politiques contre l'Union européenne qu'ils financent directement ou indirectement. C’est ce que nous voyons avec ce rapport des services américains.

Ensuite le soutien à des mouvements de protestation comme les "gilets jaunes", de manière directe ou indirecte, qui se fonde sur la désinformation. Ensuite le soutien à des mouvements de protestation comme les "gilets jaunes", de manière directe ou indirecte. Des centaines de comptes Twitter russes très actifs avaient par exemple diffusé des fausses vidéos de personnes grièvement blessées par la police lors du mouvement des gilets jaunes. L’objectif est clair : une fois polarisé, l'opinion publique doit être influencée. La même chose avait eu lieu avec la campagne de désinformation russe pendant l'élection américaine de 2016.

Et aujourd’hui il faut bien comprendre que lorsque des personnalités telles que Ségolène Royal contestent les exactions russes en Ukraine et demandent l’arrêt des sanctions, elle devient un vecteur conscient ou inconscient de la même désinformation organisé et voulu par la Russie.

Enfin, le troisième vecteur est économique, en achetant des infrastructures ou en créant des liens avec des acteurs économiques influents. On l’observe aujourd’hui avec l'étendue de la dépendance énergétique allemande de la Russie.

La solution est pourtant claire. Elle est le même que beaucoup d’entre nous proposions déjà il y à plusieurs années https://laregledujeu.org/.../la-souverainete-nationale.../ .

Renforçons notre souveraineté européenne et restons ferme face aux faux patriotes et nationalistes qui n’ont de patriote que leur nom.