AJC présente un plan d’action au Parlement européen pour la lutte contre l’antisémitisme

Jason Isaacson

 

 

 

 

 

 

26 février 2015 – Bruxelles – Un haut responsable de l’American Jewish Committee a exhorté les législateurs européens à élaborer un plan d’action immédiat afin de faire face à la marée montante de l’antisémitisme dans leur pays et de changer la réalité des Juifs vivant dans la peur en Europe.

« En premier lieu, les dirigeants européens doivent montrer leur volonté d’assurer la sécurité et l’avenir des Juifs d’Europe, de défendre les valeurs, la sécurité et l’avenir de l’Europe dans son ensemble » a déclaré Jason Isaacson, directeur des affaires gouvernementales et internationales de AJC, à un groupe du Parlement européen à Bruxelles.

Isaacson a donné l’exemple de ce à quoi sont confrontés les bureaux de AJC, mais aussi les Juifs en général dans toute l’Europe. « Chaque jour, mes collègues dans les bureaux de AJC ainsi que les Juifs de tous les pays de l’Union Européenne, sont confrontés à un dilemme personnel » concernant l’envoi de leurs enfants dans des écoles juives, le fait d’assister à un office dans une synagogue ou encore de participer à un événement communautaire juif. Mais surtout, ils se demandent s’ils vont rester ou quitter leur pays de résidence.

« C’est une abomination que ces questionnements soient ceux de plus d’un million de Juifs en Europe, un continent qui a été leur maison, qu’ils ont aidé à bâtir pendant plus de 2 millénaires, un continent qui a fait couler leur sang a il y a de cela 7 décennies » a ajouté Isaacson.

Il a vivement appelé à la mise en œuvre d’« un plan d’action pour lutter contre l’antisémitisme » pays par pays, à travers l’Europe. « Les chefs d’Etat doivent s’exprimer clairement et sincèrement » a-t-il dit. «La première étape a été enclenchée par de nombreux dirigeants nationaux, y compris par la chancelière allemande Angela Merkel, ainsi que par le Premier ministre français Manuel Valls. Il s’agit d’exprimer, au plus haut niveau , l’engagement fondamental dans la lutte contre l’antisémitisme ».

Les gouvernements européens devraient accroître et mieux organiser la collecte de données concernant les actes antisémites et leurs auteurs, afin « de prendre connaissance, le plus précisément possible, de l’ampleur et de la source de la menace à laquelle nous faisons face » a-t-il explicité.

Isaacson a appelé l’UE et ses Etats membres « à formuler et à mettre en œuvre un large éventail de programmes de lutte contre la radicalisation, en travaillant en partenariat avec les communautés musulmanes, les autres communautés et les dirigeants de la société civile. »

Il a souligné la nécessité de mettre fin aux « prédications des radicaux couramment diffusées dans les prisons européennes » et fait quelques recommandations afin d’améliorer l’enseignement de la tolérance et les valeurs démocratiques dans les écoles européennes. Il a également affirmé « les enseignants doivent être encouragés à élaborer de nouveaux programmes accessibles afin de transmettre le message de base selon lequel l’antisémitisme est incompatible avec les valeurs fondamentales de l’Europe ».

Un autre moyen de communication essentiel auquel il faut s’attaquer dans la lutte contre l’antisémitisme et la radicalisation se trouve être Internet et les réseaux sociaux. Isaacson a appelé les gouvernements européens à envisager de modifier les lois existantes pour permettre la fermeture des sites Web et des comptes sur les réseaux sociaux qui favorisent et qui diffusent l’antisémitisme.

De même, il a encouragé les gouvernements à prendre des mesures pour empêcher les djihadistes européens de voyager vers et depuis les zones de conflit du Moyen-Orient, à renforcer considérablement la sécurité des sites communautaires juifs, et à garantir de façon générale une meilleure protection face à la violence antisémite.

« Les communautés juives et les populations en général doivent entendre des dirigeants européens que l’antisémitisme viole les principes européens fondamentaux et qu’il ne sera pas toléré » a déclaré Isaacson. « La société civile – y compris les chefs religieux – doit être convoquée pour porter le message que l’antisémitisme est socialement, politiquement et religieusement inacceptable ».

L’audition des relations avec Israël par la délégation du Parlement européen constituait le premier traitement de la question de l’antisémitisme par un organisme officiel du Parlement européen. Le témoignage de Isaacson fait partie des efforts de AJC afin d’attirer l’attention des dirigeants européens sur les menaces imminentes auxquelles Juifs et sociétés européennes font face, et d’exhorter les gouvernements à faire de la lutte contre l’antisémitisme une grande priorité nationale.