AJC s’inquiète de la montée alarmante des actes antisémites pour l’année 2018

Annoncés ce matin par le Premier Ministre, les premiers chiffres de l’antisémitisme en France pour l’année 2018 sont effrayants : quatre-vingts ans après la nuit de cristal, le nombre d’actes antisémites a augmenté de 69% sur les neufs premiers mois de cette année.

C’est la première fois depuis 2015 qu’il faut déplorer une hausse aussi importante. Il faut néanmoins rappeler que les actes antisémites n’avaient pas véritablement reculé entre 2015 et 2018 : une légère baisse avait été observée en 2017 mais le nombre d’actes antisémites avait atteint un niveau historiquement haut au cours des deux années précédentes. Surtout, la violence des actes antisémites n’a quant à elle cessé d’augmenter sur cette même période. En mars 2018, le meurtre antisémite de Mireille Knoll en a malheureusement été la manifestation la plus terrible.

Nous saluons le communiqué du Premier ministre Edouard Philippe publié ce matin dans lequel il rappelle que « nous sommes très loin d’en avoir fini avec l’antisémitisme ». Une série de mesures ont été annoncées afin de s’adapter aux nouvelles formes de l’antisémitisme. Le gouvernement prévoit le déploiement d’enquêteurs spécialisés ainsi que des magistrats spécialement formés. Les démarches pour les victimes seront simplifiées en donnant accès à une plateforme en ligne permettant de déposer une pré-plainte. La priorité est mise sur l’école avec la mise en place d’une équipe nationale pour intervenir dans les établissements scolaires.

Il reste cependant des attentes fortes. Comme l’a rappelé aujourd’hui Simone Rodan-Benzaquen, directrice d’AJC Paris / AJC Europe, « les mots ne suffisent pas et nous attendons que ces annonces soient suivies d’effets sur le terrain, notamment pour ce qui est du chantier législatif prévu en 2019 visant la diffusion des contenus haineux sur internet ».

Cela fait plusieurs années que nous alertons sur ce que révèle la recrudescence des actes antisémites pour toutes les démocraties : comme l’a souligné encore aujourd’hui Simone Rodan-Benzaquen, « la montée de l’antisémitisme n’est pas un problème spécifiquement français, le projet d’un traitement par les institutions européennes est indispensable ; l’antisémitisme est annonciateur d’autres haines et il est plus généralement révélateur d’une véritable crise démocratique ».