Comment impliquer la société civile dans la lutte contre le terrorisme ?
S’inspirer du modèle israélien
La France et Israël sont confrontés au même terrorisme, à la même idéologie djihadiste mortifère à la fois antilaïque, antioccidentale, antidémocratique, homophobe, sexiste et antisémite.
Israël, face aux actes terroristes qui n’ont cessé d’endeuiller sa population durant la Seconde Intifada a réussi à mobiliser sa population, toujours consciente de la menace.
En prenant, certes, des mesures décriées- mais efficaces- comme la barrière de sécurité mais surtout en menant une action résolue dans le domaine du renseignement et de l’infiltration des milieux où se fomentent les attentats.
Cette terreur ne s’est pas éteinte en un jour : il a fallu du temps, des moyens, des méthodes adaptées, dont la création d’un réseau efficace d’indicateurs, pour atteindre ce but.
La nouvelle Intifada dite « des couteaux » pour violente qu’elle soit témoigne pourtant de l’impuissance des djihadistes palestiniens à semer, comme hier, la mort massive dans les lieux publics israéliens.
Des réflexes citoyens
Au cours de ces mois marqués par des attaques quotidiennes à l’arme blanche dans le pays, les Israéliens ont pris leurs propres dispositions: changer les parcours, éviter les lieux publics, privilégier les livraisons de nourriture, surveiller les passagers dans les bus. En Israël, chacun participe à la surveillance, chacun se sent impliqué et solidaire.
Dès qu’un terroriste islamiste tente de tuer quelqu’un, c’est soit un policier, soit un militaire, soit un simple citoyen qui tente de le maitriser, voire de l’abattre. Cela n’existe pas en France. Les Israéliens, au nom de la solidarité nationale, acceptent aussi sans aucune polémique que les victimes d’attentats soient pris en charge gratuitement et sans limite de durée par l’Etat.
Les Israéliens sont motivés par la perspective d’être traités comme de véritables partenaires de la lutte antiterroriste. Ils sont invités par le gouvernement à signaler tout véhicule, toute activité ou personne, qui pourrait être suspects.
Une vigilance de tous les instants
En Israël, les services de sécurité se trouvent à l’entrée de chaque centre commercial, de chaque cinéma, de chaque salle de spectacle. Les sacs sont ouverts, les vigiles sont armés et sont équipés de détecteur de métaux. La population coopère de bon gré à ces contrôles et n’y voit pas une atteinte aux libertés publiques.
Ainsi, le renseignement est essentiel dans la lutte contre le terrorisme islamiste, mais il ne suffit pas.
Il est nécessaire de prendre les devants, avant que le terroriste ne commette des attentats, comme le font les Israéliens en perquisitionnant, en arrêtant, en auditionnant les éventuels candidats au terrorisme. C’est ainsi qu’on démantèle des cellules terroristes avant qu’elles ne commettent des attentats sanglants.
Une formation dès le plus jeune âge
Par ailleurs, l’éducation à la vigilance est inculquées dès le plus jeune âge aux enfants israéliens qui, régulièrement, rencontrent des experts du contre-terrorisme, des psychologues ou d’autres intervenants qui leur expliquent les dangers mais surtout la façon la plus adéquate de se comporter si, par malheur, ils sont confrontés à des actes terroristes. Les enfants comme les plus grands peuvent aussi compter sur des dizaines d’associations d’aides et des groupes de parole en plusieurs langues. La fonction des associations et des intervenants agissant en direction des enfants est aussi de dédramatiser la menace terroriste : par exemple, dans les écoles, en 1991, durant la Guerre du Golfe, les enfants décoraient les étuis de leur masque à gaz.
Les programmes télévisés israéliens destinés aux enfants accordent également une grande place à la prévention. C’est ainsi que les sympathiques personnages de dessins animés comme Les Muppets ou Sesame Street sont régulièrement les héros de campagnes éduquant les enfants à la vigilance.
Tous les Israéliens sont également formés, grâce aussi à de nombreuses campagnes de communication du gouvernement, à repérer toute personne ou attitude suspecte et à garder son sang froid pour avertir les autorités. Le peuple est considéré comme un partenaire à part entière du gouvernement dans la lutte contre le terrorisme. C’est ce que la France doit pouvoir faire avec sa population.
D’autres mesures plus pratiques ont été prises ces dernières années pour endiguer la menace terroriste :
Depuis les années 1990, chaque logement nouvellement construit ou rénové doit légalement comporter une chambre forte. En béton armé, dotée d’un système de ventilation autonome et d’une porte blindée, cette pièce doit servir d’abri à toute la famille en cas d’attaque chimique ou d’explosion. Mais ces chambres fortes sont surtout conçues pour les alertes aux roquettes comme en 2006, lors de la guerre du Liban, ou comme durant le conflit de l’été 2014.
Carpe diem
Par ailleurs, le peuple israélien, habitué à la violence terroriste, est aussi un véritable modèle en matière de résilience.
Comme les Parisiens qui se sont rassemblés en terrasse pour défier Daesh ou les Niçois qui réinvestissent la promenade des Anglais, les Israéliens prennent plaisir à défendre le « Carpe Diem », ils refusent qu’on les empêche de vivre libre, de sortir, de danser. C’est particulièrement vrai pour des villes très progressistes comme Tel Aviv où la jeunesse rend hommage aux victimes tout en continuant à faire la fête dans les lieux qui ont été touchés par la violence terroriste.