Les Palestiniens ne sont pas de simples victimes passives
Les images insoutenables de la guerre à Gaza ont secoué le monde, suscitant des appels urgents pour mettre fin à cette souffrance. Cependant, ni les appels à un cessez-le-feu unilatéral et immédiat, ni les incantations, ni les grands discours ne suffiront à instaurer la paix ou à arrêter la violence. Malheureusement, cette approche semble prévaloir au sein d'une grande partie de la communauté internationale, y compris la France.
Penser qu'une solution pourrait émerger comme par magie, que les hostilités pourraient cesser du jour au lendemain sans libération des otages ni affaiblissement significatif de l'infrastructure militaire du Hamas pour qu'il perde son contrôle sur Gaza, et que reconnaître unilatéralement un État palestinien, comme la France vient de le voter au Conseil de sécurité de l'ONU, mènerait à la paix, est non seulement naïf mais aussi extrêmement dangereux.
Les événements depuis le 7 octobre ne sont pas une simple répétition du conflit israélo-palestinien. Ils marquent surtout le passage d'une guerre que la République islamique d'Iran menait jusque là par procuration – par l'intermédiaire du Hamas, du Djihad Islamique, du Hezbollah au Liban, des factions chiites en Syrie et en Irak, des houthis au Yémen et des groupes terroristes en Cisjordanie – à un affrontement direct contre Israël. Les ambitions hégémoniques de l'Iran, ses aspirations nucléaires et son alliance avec d'autres acteurs mondiaux autoritaires et dangereux, comme la Russie, doivent être prises en compte. L'Occident, longtemps trop passif face au régime des mollahs, doit enfin prendre ce problème à bras-le-corps.
Si nous voulons véritablement envisager un avenir meilleur pour les Israéliens et les Palestiniens, il est nécessaire de comprendre que continuer à offrir de meilleures conditions à une partie qui a constamment rejeté toute proposition de résolution du conflit dans le passé, et dont une faction s'est engagée avec vigueur dans des actes terroristes, ne fait qu'encourager les éléments les plus extrêmes parmi les Palestiniens à persister dans leur approche et n'incite pas au compromis.
Cela pousse également les parties les plus intransigeantes en Israël à persuader le reste de la population que le statu quo est préférable à toute forme d'accord. Le vote récent à la Knesset, inspiré par le Premier ministre Netanyahou, contre la reconnaissance unilatérale d'un État palestinien, en est l'exemple parfait. Alors qu'il est au plus bas dans les sondages depuis le 7 octobre, la communauté internationale lui a offert une victoire inespérée : 99 députés sur 120 l'ont soutenu, dont une large partie de son opposition. La raison en est qu'une reconnaissance unilatérale serait perçue par la majorité des Israéliens comme une récompense pour les horreurs du 7 octobre.
En outre, le soutien autrefois inébranlable en Israël pour une solution à deux États a progressivement diminué, et le traumatisme national vécu le 7 octobre a encore renforcé la rigidité de l'opinion publique. En janvier, 59 % des Israéliens juifs exprimaient leur opposition à une solution à deux États. Cette résistance n'est pas idéologique, mais basée sur des considérations concrètes : bien que les Israéliens soient nombreux à être ouverts à un compromis pour la paix, ils sont réticents à abandonner le statu quo sans garanties solides de sécurité et une résolution définitive du conflit.
L'histoire des retraits territoriaux d'Israël est une mise en garde pour beaucoup. Les accords d'Oslo ont été suivis par la sanglante deuxième Intifada, au cours de laquelle plus de mille Israéliens ont été tués, souvent dans des attentats suicides. Le retrait de Gaza en 2005 a vu le Hamas prendre rapidement le dessus sur l'Autorité palestinienne et investir dans l'édification d'usines de roquettes et une infrastructure militaire souterraine complexe. De même, le départ de la zone de sécurité israélienne dans le sud du Liban n'a pas conduit à la paix avec le Hezbollah, mais a plutôt permis à celui-ci de consolider son contrôle, d'accumuler un large arsenal de roquettes et de déployer des milliers de commandos de l'unité d'élite Radwan près de la frontière.
Ces moments décisifs ont influencé la perception des Israéliens, associant l'abandon de territoire, et donc l'idée d'une solution à deux États, à des risques de sécurité significatifs. De simples assurances de « garanties de sécurité » ne rassureront jamais le public.
Cette perception est exacerbée par la profonde suspicion des Israéliens envers les Palestiniens. Le 7 octobre, ce n'étaient pas seulement des militants du Hamas et du djihad islamique qui ont pénétré les kibboutz pour voler et prendre des otages, mais aussi des civils de Gaza. Ils ont en mémoire les images de foules en liesse maltraitant les corps des otages dans des camionnettes ou les témoignages d'otages libérés racontant avoir été détenus dans les maisons de civils gazaouis.
De plus, une enquête réalisée par le Centre palestinien pour la Politique et les Sondages a révélé que 72 % des Palestiniens jugent justifiée la décision du Hamas d'attaquer le 7 octobre. Ce soutien atteint 82 % en Cisjordanie. Les dirigeants du Fatah et de l'Autorité Palestinienne n'ont pas condamné le Hamas pour le massacre et n'ont pas remis en question sa légitimité en tant que mouvement. Le public israélien constate également que l'Autorité palestinienne continue son sinistre programme de « payer pour tuer » , qui alloue 7 % de son budget annuel au « Fonds des martyrs », qui verse des allocations mensuelles aux terroristes palestiniens emprisonnés en Israël, ainsi qu'aux familles des terroristes tués dans des attaques. Des terroristes impliqués dans les attaques du 7 octobre sont en passe de recevoir des paiements.
Lorsque des dirigeants tels qu'Emmanuel Macron s'exprimeront à l'avenir, ils devront éviter de répéter les mêmes mantras et formules éculées. Oui, ils doivent dire à Israël que la situation en Cisjordanie ne peut pas durer et finira par accroître l'insécurité d'Israël. Oui, ils doivent dire aux Israéliens que la violence d'une minorité des habitants des implantations est inacceptable. Oui, ils doivent condamner les déclarations irresponsables de ministres comme Ben Gvir ou Bezalel Smotrich. Ils doivent continuer à rappeler qu'un compromis est nécessaire, non seulement pour la coexistence pacifique, mais aussi pour préserver l'identité démocratique et juive d'Israël.
Mais le discours international doit également évoluer pour reconnaître que la stratégie consistant à tout concéder aux Palestiniens tout en ne laissant rien passer aux Israéliens ne peut plus durer. Les Palestiniens ne sont pas de simples victimes passives sans capacité d'action. La corruption, l'incitation à la haine et à la violence dans les écoles et les médias officiels, l'incapacité à accepter un compromis, la perpétuation et la glorification du statut de martyr et de victime doivent prendre fin.
Enfin, Emmanuel Macron, comme les autres dirigeants doivent comprendre que leur soutien à l'UNRWA est contraire à une véritable politique de paix. Cette agence de l'ONU perpétue le conflit et maintient les Palestiniens dans l'idée d'une Palestine « du fleuve à la mer ». Il n'est nullement surprenant que depuis le 7 octobre, de nombreuses preuves aient émergé, révélant des liens entre certains de ses employés et des organisations terroristes à Gaza. En réalité, cela fait des décennies que les problèmes structurels au sein de l'organisation sont sciemment ignorés.
Le 7 octobre devrait être un moment pour affronter les douloureuses réalités qui nous y ont conduits – il devrait être un moment pour envisager les choses différemment.