Oui à l’interdiction de la LDJ mais ne déplaçons pas le problème !
Le gouvernement a probablement raison de réfléchir à la dissolution de la LDJ. Dans un état de droit chaque individu, collectif ou association a le devoir de se soumettre aux lois de la République.
La France, tout comme la communauté juive, n’a en effet pas besoin d’une milice qui nous le rappelons a été inscrite sur la liste des organisations terroristes interdite en Israël, et même aux États Unis, siège de nos associations où la liberté de parole est sacrée. Laissons la justice décider si l’idéologie ou les méthodes de la LDJ sont non seulement inacceptables mais également pénalement et civilement répréhensibles.
Du côté de la communauté juive organisée toute provocation à la violence, à la haine doit être dénoncée ainsi que condamnée et ce, peu importe de quelle communauté elle émane.
Toutefois, attention à ne pas déplacer le débat !
Nous sommes stupéfaits de voir à quel point les médias se sont précipités sur ce « "nouveau" phénomène de la LDJ ».
Nombreux sont les commentaires de ceux qui considèrent que les expressions anti-juives et les violences perpétrées ces derniers jours – synagogues attaquées, commerces saccagés, agressions physiques et verbales contre des juifs – seraient la conséquence des provocations de la LDJ et, en définitive, si des juifs se sont fait agresser, c’est qu’ils avaient une certaine part de responsabilité.
Ce parallèle qui fait de la LDJ l’égal des foules qui criaient notamment « Mort aux Juif » et « Hitler n’a pas fini le travail » est tout simplement honteux et perverti la réalité.
En effet, la LDJ n’a jamais été présente à Nice, à Marseille, à Lille, à Aulnay-sous Bois, à Toulouse ou dans les autres villes de France où des émeutes antisémites ont eu lieu ou des bâtiments incendiés.
Les 169 actes antisémites comptabilisés au premier trimestre de 2014 ne sont pas du fait des provocations de LDJ.
Ce n’est pas la LDJ non plus qui provoque la chasse aux juifs sur internet et les réseaux sociaux.
Ainsi, faut-il faire preuve d’honnêteté intellectuelle.
La France a été, en ce mois de juillet, le théâtre d’une libération exceptionnelle de la haine des juifs initiée par des groupes extrémistes qui ont une aversion profonde pour notre démocratie et le monde occidental où se mêlent haine du juif, islamisme radical et volonté de subvertir notre modèle républicain. Tout comme la légitime cause palestinienne est un prétexte pour déverser la parole antisémite dans les rues, le prétendu rôle de la LDJ ne doit en aucun cas être une excuse ou une justification de la violence et de la haine dont la communauté juive a été la cible.
La réalité est que cela fait 14 ans qu’un sentiment légitime d’insécurité prédomine au sein de la communauté juive française. Des meurtres ont été commis.
Alors certes, les différents gouvernements ont reconnu le problème. Les dirigeants politiques ont parlé avec force et clarté, tout comme la France s’est dotée d’un arsenal juridique fort pour lutter contre ce fléau.
Cependant, force est de constater que l’antisémitisme reste un problème en France avec des chiffres en constante augmentation. Les drames se sont succédés et les incidents continuent d’augmenter, de même que l’inquiétude de la communauté juive.
Dès lors, la France ne doit pas se tromper de combat : interdire la LDJ, oui, mais quid d’autres organisations radicales telles que le Collectif du cheikh Yassine, publiquement proche du Hamas, ou de la nouvelle structure « Gaza Firm » qui soutiennent également cette organisation, pourtant figurant sur la liste des organisations terroristes de l’Union Européenne et parmi certains scandent des propos antisémites lors des manifestations pro-palestiniennes. Quid de ces associations, syndicats et partis politiques qui acceptent de reconduire chaque semaine ces manifestations où se trouvent des drapeaux djihadistes, ceux portés tous les jours par ceux qui combattent aujourd’hui les militaires français, les chrétiens d’Orient ou les femmes de nombreux pays?
Cette décision de les interdire appartient en définitive à la justice française et les juifs de France respecterons, nous sommes sûrs, son jugement.