Iran : Vote d'une résolution au Parlement européen
Hier les députés européens ont voté une résolution au parlement européen pour demander à ce que le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI), bras armé du régime iranien, soit placé sur la liste des organisations terroristes de l’UE.
Certains disent que ça ne sert à rien mais ce vote envoie un signal fort même s' il n’est qu’une étape. En effet, il revient désormais au Conseil européen - et donc aux pays membres - seuls à pouvoir voter des sanctions, de prendre le relais et de placer à leur tour le CGRI sur la liste des organisations terroristes de l’Union Européenne.
Une telle décision servirait plusieurs objectifs : montrer aux manifestants et au peuple iranien que nous sommes de leur côté et réprimer le CGRI et le régime iranien.
Car les gardiens sont en effet la plus importante organisation terroriste au monde, créée le 5 mai 1979 sur ordre de l'ayatollah Khomeini, le père fondateur de la révolution islamique. Elle a été formée principalement afin de défendre le régime et exporter la révolution islamique dans les pays voisins par le biais du terrorisme. Au fil du temps, les Gardiens ont mené, à travers d’autres réseaux, des dizaines d'attaques terroristes dans le monde Au cours des actuelles manifestations, on estime que les forces du CGRI et du Basij ont tué environ 600 manifestants, dont 65 enfants. Les gardiens ont également emprisonné plus de 19 000 manifestants, obligeant les juges du tribunal révolutionnaire à prononcer des condamnations à mort pour les détenus.
Certains hésitent à qualifier cette organisation de terroriste, arguant que les gardiens font partie de l'État iranien et devraient être considérés comme une branche des forces armées iraniennes. Or, on peut parfaitement les comparer à des organisations comme Al-Qaïda et Daech, car il y a un fort élément de radicalisation et d’endoctrinement. De plus, leur modus operandi - prise d'otages, détournement d'avions - montre qu'ils ne se comportent pas comme une force armée conventionnelle, mais entièrement comme un groupe terroriste. Et ce qui devrait nous préoccuper d’autant plus, c’est que leur action s’étend au territoire européen.
Dans le passé, ils s’en sont pris à plusieurs cibles en Europe. On estime qu’environ la moitié des 124 opérations meurtrières que les Gardiens de la révolution ont menées à l'étranger depuis 1979 ont eu lieu en Europe. Dans les années 70-80, ils ont assassiné ou tenté d’assassiner plusieurs personnalités proches des Pahlavi, exilées en Europe. Mais des exemples bien plus récents existent - et ce malgré la signature d’un accord nucléaire avec l’Iran en 2015 - qui n’a pas empêché l'IRGC de fomenter une attaque massive en 2018 contre environ 100 000 Iraniens réunis à Paris, aux côtés de centaines de dignitaires internationaux. Un député britannique présent lors du rassemblement estimait que, "si le complot avait réussi, cela aurait été l'opération terroriste la plus meurtrière jamais menée en Europe."
Et avec l'invasion de l'Ukraine, les Gardiens de la révolution ont étendu leur offensive contre l'Occident en s'impliquant dans la guerre. L'IRGC fournit à l'armée russe des conseillers militaires, des drones kamikazes et des missiles balistiques à courte portée pour détruire les villes et les infrastructures civiles ukrainiennes. Le drone iranien Shahed-136 utilisé par la Russie a endommagé "40 % de l'infrastructure électrique de l'Ukraine". Ces actions constituent une raison supplémentaire pour l’Europe d’agir avec force contre les Gardiens.
L’inscription des Gardiens de la révolution sur la liste des organisations terroristes de l'UE peut accroître la pression sur le régime. Cela permettrait également de restreindre les ressources financières des Gardiens et de limiter leur liberté de mouvement en rendant plus difficile la circulation de leurs agents en Europe.
Il est clair qu’en l'absence d'une action forte, le CGRI continuera à entreprendre des agressions sans frais, qu’elles soient terroristes ou contre l’Ukraine