Une cérémonie pour célébrer le « Islamic Revolution Day » à Téhéran cette semaine. Qui a vraiment fait le déplacement ?

Hier a eu lieu en Iran la cérémonie du 44ème anniversaire de la Révolution islamique, qui a porté au pouvoir, après la chute du Shah, l’Ayatollah Khomeini.

Cette cérémonie qui se déroule chaque année à Téhéran, est pour les Mollahs un moment important de glorification du régime et de démonstration de force. Et cela marche d’habitude plutôt bien. Chaque année les ambassadeurs et diplomates du monde entier défilent, les femmes bien voilées bien sûr, pour se plier aux règles des mollahs et faire bonne figure.

Hier aussi était l’occasion pour les mollahs de faire croire que les manifestations sont mortes, que la répression fonctionne. Le Guide Suprême Khamenei vient d’ailleurs d’amnistier certains prisonniers tout en reconnaissant que des dizaines de milliers sont encore détenus. Le message envoyé à l’Occident est clair. C’est celui d’un Iran invincible, d’un régime qui est là pour rester, et avec lequel nous aurions tout intérêt à retourner à la table des négociations.

Mais le « business » n’était cette-fois-ci pas, « as usual ». Les pays européens ont tous été invités, mais – et c’est heureux – la majorité d’entre eux a refusé l’invitation et n’a donc, de manière concrète, ni envoyé d’ambassadeurs ni d’autre niveau de représentation diplomatique.

Leur présence à cette cérémonie, aurait bien entendu constitué une sorte de légitimation d’un régime, au moment même où ce dernier tue des centaines d’Iraniens. Aujourd’hui, les rapports estiment qu’environ plus de 19000 Iraniens ont été arrêtés, avec plus de 527 d’entre eux tués.

L’Iran, on le sait, joue également un rôle clé en soutenant la guerre que mène la Russie contre l’Ukraine, sur le sol européen. Son alliance croissante avec la Russie et son approvisionnement en drones avancés pour la guerre brutale de Moscou contre l’Ukraine soulignent encore le danger que représente la République islamique non seulement pour la sécurité du Moyen-Orient mais aussi pour celle de l’Europe.

Il était donc extrêmement important – et notamment au moment où l’Europe vient de sanctionner des officiels et des institutions iraniennes – qu’elle refuse d'aller serrer la main des représentants d’un régime qui a du sang sur les mains.

Malheureusement, deux pays européens ne se sont pas distingués. La Hongrie et la Pologne ont décidé de se faire représenter par leurs ambassadeurs lors de la cérémonie.

Pour l’Union européenne, cela pose des questions importantes. La Hongrie, qui s’est engagée dans le chemin du nationalisme, doit aujourd’hui décider et affirmer clairement où elle se positionne d’un point de vue géopolitique. Se place-t-elle du côté des Russes, des Chinois et des Iraniens, ou est-elle aux côtés des Européens qui viennent de recevoir au Parlement européen le Président Zelensky, prononçant ainsi en chœur “Slava Ukraini” de manière si émouvante?

Quant à la Pologne, elle qui a été si vaillante et courageuse, qui a tendue les bras aux réfugiés ukrainiens, et dont le peuple, les Polonais, se sont mobilisés en masse par solidarité pour leurs voisins, elle qui a alerté tôt l’Europe de l’Ouest face au risque russe quand nous ne voulions pas l’entendre, ne peut pas serrer la main de ceux qui fournissent des armes pour tuer les mêmes civils qu’elle a tenté et tente encore de sauver.

Les séquences diplomatiques auxquelles nous allons continuer d’assister dans les mois qui viennent devraient nous éclairer sur le positionnement de ces pays.

Et ils ne seront pas les seuls. Sur le dossier iranien, qu’il s’agisse de la reprise ou non des négociations sur le nucléaire, ou encore de la désignation du Corps de Gardiens de la Révolution comme organisation terroriste, les Etats européens doivent encore, pour la plupart, décider quelle sera leur position. Il y a en réalité tout un ensemble de mesures que ces derniers peuvent encore prendre, pour freiner l’escalade du comportement néfaste de la République islamique.. et espérons que le « business as usual » sera définitivement banni de notre vocabulaire