AJC, scandalisée par les marionnettes antisémites du carnaval d’Alost, exhorte le gouvernement belge à réagir

Bruxelles – 7 mars 2019 – AJC Transatlantic Institute a fermement condamné les marionnettes antisémites qui ont paradé dimanche lors d’un défilé de carnaval à Alost, en Belgique, et appelle à des sanctions politiques pour le maire de la ville, Christoph D’Haese, qui a défendu les organisateurs du carnaval et l’exposition de ces chars choquants. AJC a également exhorté le gouvernement belge à condamner ces manifestations anti-juives.

L’incident du 3 mars intervient dans le contexte de la montée alarmante de l’antisémitisme en Europe, à laquelle la Belgique ne fait pas exception, mise en lumière par l’enquête menée par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) en décembre 2018 auprès de quelque 15 000 Juifs. Le rapport révèle que 86 % des Juifs belges – en deuxième position derrière les Juifs français avec 95 % – s’inquiètent de l’antisémitisme.

En 2013 déjà, les festivités d’Alost avant le Carême – que l’UNESCO a ajoutées en 2010 à sa Liste représentative du patrimoine culturel immatériel – avaient vu parader un char ressemblant à un wagon de train nazi utilisé pour transporter les Juifs déguisé en officiers SS nazis et en juifs orthodoxes haredi.

« Il est choquant de constater qu’un défilé de carnaval se déroulant en plein coeur de l’Europe soit le théâtre d’un antisémitisme odieux et décomplexé », a déclaré Daniel Schwammenthal, directeur de l’AJC Transatlantic Institute à Bruxelles. « Les marionnettes paradant dans les rues d’Alost reprennent tous les clichés antisémites de l’époque nazie, des juifs comploteurs aux nez crochus, aux pieds desquels on retrouve rats et sacs d’argent « .

Les créateurs de ces marionnettes, loin de se cacher et de nier leur intolérance, expliquent la signification de leur création : « Tout est devenu si cher », rajoutant à l’infâme la rhétorique antisémite du Pouvoir Financier contrôlé par les Juifs.

Le maire d’Alost, Christoph D’Haese, membre de la Nouvelle Alliance flamande (N-VA), a défendu les marionnettes en déclarant « qu’il ne dépend pas du maire d’interdire » de telles manifestations. Il ajoute que « les participants au carnaval n’avaient aucune mauvaise intention ». Le groupe a l’origine des chars – notamment un pompier, un technicien, un fonctionnaire du ministère de l’Éducation et un employé du service de police – a déclaré que le maire leur avait apporté son soutien total, leur a assuré qu’ils n’avaient « rien fait de mal ». Pascal Soleme, qui travaille pour la police locale, a ardemment défendu les marionnettes créées par son groupe : « Je pense que les gens qui s’en offensent vivent dans le passé, dans le souvenir de la Shoah, mais ce char était là pour le moment présent (…) C’était une célébration humoristique »

« L’indifférence du maire face à l’incident antisémite qui s’est produit dans sa ville est une gifle pour les Juifs de Belgique et du monde entier. A l’heure où de nombreux membres de la communauté juive envisagent de quitter l’Europe au vu de la recrudescence des actes antisémites, les dirigeants politiques se doivent de condamner sans ambiguïté l’antisémitisme sous toutes ses formes. Monsieur D’Haese a échoué au devoir politique et démocratique imposés par sa fonction, et a laissé à la haine et l’intolérance s’exprimer librement et sans complexes au cœur même de l’Europe », a déclaré Schwammenthal. « Nous espérons sincèrement que le cynisme et l’indifférence du maire inciteront la direction de son parti à le réprimander et le désavouer publiquement, et que des sanctions seront prises à son encontre ».

« La Commission européenne a condamné lundi dernier les marionnettes antisémites. Nous appelons désormais le gouvernement belge à rompre le silence sur cet incident antisémite odieux », a déclaré M. Schwammenthal.

« L’UNESCO a eu raison d’également condamner les marionnettes d’Alost. Cependant, la gravité de l’incident et l’absence de de la part des participants soulèvent des interrogations quant à l’inscription du carnaval dans les prestigieux registres de l’ONU. L’antisémitisme n’est pas un patrimoine mondial, mais un fléau vicieux que nous devons combattre et vaincre », a ajouté Schwammenthal.