AJC exhorte les dirigeants politiques belges et ceux de l’Union européenne à condamner le défilé antisémite du carnaval d’Alost

Bruxelles, le 23 février 2020 – AJC Transatlantic Institute condamne fermement le défilé de caricatures antisémites du carnaval d’Alost qui a eu lieu hier, avec l’accord des autorités belges.

AJC exhorte les dirigeants politiques belges et ceux de l’Union européenne à condamner les costumes et demande à l’UE d’enquêter sur la Belgique.

Ont défilé hier des personnes portant des costumes de Juifs orthodoxes vêtus de noir, des coquilles et des pattes d’insectes en papier mâché, qui ne sont pas sans rappeler la déshumanisation des Juifs par les nazis. Les marionnettes antisémites géantes qui faisaient déjà partie du cortège l’année dernière ont été également réutilisées cette année.

Durant les semaines précédant la marche, les organisateurs auraient vendu des centaines de « kits de rabbin » avec des nez surdimensionnés à enfiler et des chapeaux noirs traditionnels portés par les Juifs orthodoxes.

« Ce carnaval est honteux, et choque dans le monde entier. Le fait que les autorités flamandes et fédérales belges aient refusé d’empêcher cette manifestation publique et grotesque – et que certains l’aient même carrément soutenue – devrait pousser l’UE à ouvrir immédiatement une enquête » a déclaré Daniel Schwammenthal, directeur d’AJC Transatlantic Institute (Bruxelles).

« La Commission européenne devrait envisager une procédure selon l’article 7, car les autorités belges n’ont rien fait pour empêcher le port de costumes antisémites, qui viole clairement les valeurs de l’UE, fondées sur les leçons de la Shoah. En tant que pays où siègent les institutions européennes, la Belgique a une responsabilité particulière dans le respect de la dignité humaine et des droits de l’Homme, y compris des droits des minorités » ajoute-t-il.

« Il est incompréhensible que 75 ans après la libération d’Auschwitz, des manifestations d’antisémitisme aussi viles aient pu se produire au cœur de l’Europe. Les costumes anti-juifs incitent à la haine et servent les théories du complot. À de très rares exceptions près, les dirigeants politiques belges ont fait preuve d’un silence inexplicable face à ce défilé honteux » a déclaré M. Schwammenthal.

« Dans le contexte de la montée d’un antisémitisme violent en Europe, les manifestations publiques de haine anti-juive ne devraient jamais être autorisées. Dans la ville d’Alost, apparemment, le colportage de stéréotypes méritait même une protection policière accrue. Ce défilé n’était rien d’autre qu’un outrage et une offense à tout pays civilisé » a déclaré M. Schwammenthal.

En décembre dernier déjà, le maire Christoph D’Haese avait pris l’initiative de retirer le carnaval d’Alost de la liste du patrimoine mondial immatériel de l’UNESCO afin de devancer l’intention de l’organisme international de le faire après qu’il ait autorisé les chars antisémites à défiler. Quant aux créateurs des marionnettes, ils ont expliqué la signification des chars de l’année dernière en disant que « tout est devenu si cher », assumant la théorie antisémite du pouvoir financier juif.

Selon l’enquête menée en décembre 2018 par l’Agence européenne des droits fondamentaux auprès de quelques 15 000 Juifs, l’antisémitisme a connu une hausse alarmante en Europe et en particulier en Belgique. L’enquête a démontré que 86 % des Juifs belges et 95 % des Juifs français se disaient préoccupés par l’antisémitisme.

« Le gouvernement aurait dû écouter la communauté juive de Belgique, dont certains membres envisagent de quitter l’Europe. L’UE devrait envoyer un message clair à la Belgique pour lui faire comprendre que ce comportement n’a pas sa place dans l’UE », a déclaré M. Schwammenthal.