Allocution du président Emmanuel Macron au Global Forum virtuel de l’American Jewish Committee
9 juin 2021 – Paris – Le président français Emmanuel Macron, dans une allocution historique au Forum mondial virtuel de l'American Jewish Committee (AJC), a réaffirmé son engagement à lutter contre l'antisémitisme et à renforcer les relations de la France avec Israël et les États-Unis. C'est le premier discours de Macron à une organisation juive américaine depuis son élection à la présidence, il y a quatre ans.
Il a d’abord tenu à remercier l’American Jewish Committee et salué son bureau de Paris, créé après la Seconde Guerre mondiale, et aujourd'hui dirigé par Anne-Sophie Sebban-Bécache. Paris qui est également le siège d’AJC Europe, dirigé par Simone Rodan-Benzaquen.
« À une époque marquée par une recrudescence des discours de haine et des tentatives de remise en cause du modèle démocratique, votre implication est essentielle pour lutter contre l'antisémitisme et la haine, encourager le dialogue et promouvoir les valeurs démocratiques. »
« Je veux (…) réitérer avec vigueur que l’antisémitisme est, hier comme aujourd’hui, un fléau inacceptable, injustifiable, face auquel nous devons sans relâche mobiliser toutes les énergies. » a-t-il déclaré. « Aussi, je veux rappeler ici ma détermination sans faille et celle du Gouvernement pour protéger l’ensemble de sa population et lutter contre toutes les formes de violence et de discrimination. »
La lutte contre l'antisémitisme « commence par la capacité de nommer ce mal qui ronge notre société », a déclaré Macron, notant que la France a adopté la définition de travail de l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste (IHRA) en décembre 2019.
Mais il a souligné qu'une définition « ce n’est pas suffisant », et a décrit plusieurs actions que son gouvernement a mises en œuvre avec un plan national de lutte contre l'antisémitisme.
« L’enseignement de la Shoah, articulé à celui des manifestations de l’antisémitisme contemporain doit permettre justement de lever les préjugés, de briser les stéréotypes. » a déclaré le président.
Pour lutter contre la haine sur Internet, la France a créé, sous l’égide du CSA, un Observatoire de la haine en ligne qui rassemble plateformes, organisations, chercheurs et institutions.
Pour mieux accompagner les victimes de crimes de haine et accroître l'efficacité des enquêtes, le président a indiqué que la France a créé un réseau d'enquêteurs et de magistrats spécialisés.
Concernant la récente décision d'un tribunal français de ne pas juger l'homme accusé du meurtre de Sarah Halimi, Macron a déclaré : « Je souhaite sur ce point clarifier que cette décision n’a, à aucun moment, nié la nature antisémite de cet acte. » Notant que « la Cour de Cassation a appliqué le droit en vigueur, selon lequel une personne n’ayant pas son discernement ne peut être jugée responsable pénalement », il a néanmoins ajouté avoir « demandé au Garde des Sceaux de réfléchir à une modification du cadre légal actuel dans le cas où l’auteur aurait absorbé volontairement des substances toxiques. »
Ajoutant qu’ « il est en effet choquant que quelqu’un qui prend des stupéfiants pour devenir comme fou n’ait pas de comptes à rendre. »
S'agissant de la situation au Moyen-Orient, Macron a réaffirmé que « L’attachement profond de la France à la sécurité d’Israël depuis sa création, et à son droit à se défendre dans le respect du droit international, ne s’est jamais démenti. »
Les événements récents, faisant référence au conflit entre Israël et le Hamas, « sont venus rappeler l’impératif d’une relance décisive des négociations nécessaires à l’établissement d’une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens. » « Nous connaissons les paramètres pour parvenir à une solution des deux états. La France se tient disposée à y contribuer dans le respect des aspirations légitimes de chacun. »
Il a salué la « normalisation des relations entre Israël et d’autres partenaires essentiels de la France », notamment le Maroc et les Émirats Arabes Unis, ajoutant que le Soudan « doit être accompagné dans son processus de transition ».
Sur la question nucléaire iranienne, Macron a déclaré qu'«il n'y a pas d'alternative à une solution négociée » et que la France, depuis l'élection du président Biden, travaille avec les États-Unis et d'autres partenaires, « nous nous employons à trouver activement, avec nos partenaires, une solution qui préserve sur le long terme la sécurité et la stabilité de la région. »
"Il faut que l'Iran fasse preuve de responsabilité dans toute la région", a déclaré Macron. La France, a-t-il ajouté, propose depuis 2018 « de compléter le JCPOA par la prise en compte des activités balistiques et des déstabilisations régionales de l’Iran. »
Le président français s'est dit ravi que les États-Unis se soient réengagés à l'échelle mondiale, ce "qui fait la force et l'efficacité de notre action collective".
Pour terminer, il a souhaité « souligner la force des relations entre la France et les États-Unis d’Amérique, qu’illustre notre coopération ancienne avec l’American Jewish Committee » et rappelé que « la France se tient, comme toujours au travers de son histoire, aux côtés des États-Unis lorsqu’il s’agit de réaffirmer la vigueur du modèle démocratique. »
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Valérie Maupas
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