Radio J : La chronique hebdo de Simone Rodan-Benzaquen dans le Grand Journal du 2 Septembre 2022. Thème : "Extrême gauche : chantage à l'islamophobie"
La presse a récemment dévoilé une note confidentielle du renseignement territorial à propos du "vote musulman" dont Jean-Luc Mélenchon aurait bénéficié lors de l'élection présidentielle, notamment parce que ses prises de position ont été saluées et relayées par de nombreux influenceurs et activistes islamistes au cours de la campagne. Cela expliquerait, selon cette note, pourquoi 69% des électeurs musulmans ont glissé un bulletin de vote en faveur de Jean-Luc Mélenchon, tel qu’une étude de l’Ifop le révélait dans La Croix.
Il est notamment précisé que la "candidature d’Eric Zemmour […] a suscité une vive inquiétude parmi les musulmans" et que les agitateurs communautaristes ont ainsi trouvé "un allié providentiel qu’involontaire en [sa] personne, candidat ouvertement hostile à l’islam."
Dès lors, les islamistes ont ravivé ce sentiment de victimisation pour se positionner comme défenseurs de la communauté musulmane, gagner du crédit auprès des fidèles et leur faire croire que l’État était ouvertement islamophobe.
Les tenants de l’islam politique ont cherché à faire de l’islamophobie supposée de l’État un enjeu central du scrutin. Si l’on prend le CCIE par exemple, l'émanation du CCIF qui avait été dissous en raison de ses liens avec l’islamisme - il avait diffusé sur les réseaux sociaux une affiche qui appelait – en creux – à voter Jean-Luc Mélenchon. Sur la photo partagée, il était indiqué : « 81,1% des adhérents français du CCIE sondés pensent voter pour Jean-Luc Mélenchon », le texte qui l’accompagnait ciblait directement l’électeur potentiel par un « Et vous ? »
On a bien vu que la position de la LFI sur le sujet de son expulsion était en réalité l’occasion d’évoquer la question de l’Etat de droit - mais, surtout, de critiquer l’exécutif. Certains responsables de LFI se sont contentés de mettre en doute l’indépendance de la justice après la validation de l’expulsion de cet Imam par le Conseil d’Etat. D’ailleurs, aujourd’hui, alors que l’Imam Hassan Iquioussen est sous le coup d’une expulsion, les mêmes organisent un rassemblement samedi place de la République pour protester contre cette même soi-disant islamophobie d’Etat.
Pour Mélenchon, il y a lieu de victimiser les Musulmans dès que l’extrémisme musulman est pointé du doigt. Comme l’explique Pierre-André Taguieff, l’islamo-gauchisme assimile ainsi l’islamisme à l’islam, l’islam aux populations immigrées maghrébines et africaines, et les immigrés aux nouveaux «damnés de la terre».
Cette gauche considère volontiers les mouvements islamistes comme un cheval de Troie pour sa propre stratégie électoraliste et « anticapitaliste ».
Cette approche fait aussi écho à la situation de la gauche anglaise sous Jeremy Corbyn, gangrenée avant tout par l’antisémitisme mais aussi soutenue et proche des islamistes. Corbyn lui-même ne s’est jamais caché de sa proximité avec des groupes proches des Frères musulmans et soutiens du Hamas.
Il est donc parfaitement cohérent de voir Corbyn et la LFI s'afficher ensemble- pour rappel Corbyn avait été soutenir des candidates LFI en campagne législative, les mêmes, qui ont, à peine quelques mois plus tard, porté une résolution présentée par plusieurs membres de la NUPES qui souhaitent assimiler l’Etat juif à un supposé régime “d’apartheid” et abroger la circulaire qui rendait le BDS (boycott, désinvestissement et sanctions) contre Israël illégale en France.
Cette perte de valeur et de repères d’une partie de la gauche est non seulement une tragédie pour la gauche et ses valeurs mais pour la France toute entière. Nous devons collectivement espérer que ceux attachés à une gauche universaliste, se mobiliseront rapidement avec force pour contrer cette mise en abîme.