Ces écoles palestiniennes sous contrôle des Nations-Unies dans lesquelles est enseignée la haine des Juifs et d’Israël

Atlantico : L’Institut pour le suivi de la paix et de la tolérance culturelle dans l’éducation scolaire (IMPACT-se) a documenté depuis des années les incitations à la violence et l’antisémitisme présents dans les manuels scolaires palestiniens, notamment dans ceux distribués par l’UNRWA, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient. Les programmes scolaires dans ces écoles en Palestine sous contrôle de l’ONU incitent-ils réellement à la haine contre Israël et contre les Juifs ? Quels sont les contenus problématiques ?

Simone Rodan-Benzaquen : Le sujet  des contenus problématiques dans les programmes scolaires de l’UNRWA est malheureusement très ancien. Donald Trump avait même décidé d’arrêter tout financement de l’UNRWA en 2018, décision que l’administration Biden a depuis inversée, tout en reconnaissant le problème.

Selon le cadre de coopération signé entre le département d’État américain et l’UNRWA le 14 juillet 2021, la poursuite du financement américain exige de l’UNRWA qu’elle mette en œuvre diverses réformes. Celles-ci comprennent la lutte contre l’incitation et l’antisémitisme dans son programme d’enseignement, l’exigence de neutralité de son personnel, et la garantie que ses installations ne sont pas utilisées par des organisations terroristes, ni son personnel affilié à ces dernières. Ce cadre, ainsi qu’une législation bipartisane récemment introduite, font suite à de nombreux rapports sur la nature problématique du système éducatif de l’UNRWA.

Suite aux derniers rapports, le financement  pourrait de nouveau être remis en question, notamment depuis le massacre du 7 octobre car plusieurs enseignants et membres du personnel de l’UNRWA ont publiquement célébré ce massacre et d’autres attaques du Hamas sur leurs réseaux sociaux.

Près de 60 % du budget annuel de l’UNRWA, qui s’élève à environ 1 milliard de dollars, est alloué à des programmes éducatifs. Ces derniers prétendent enseigner aux enfants les valeurs de paix, de tolérance et de résolution non violente des conflits. Mais l’agence est loin d’atteindre cet objectif. Les manuels dépeignent les Juifs comme des ennemis de l’Islam, glorifient les soi-disant martyrs qui sont morts en commettant des attaques terroristes et encouragent le djihad pour la libération de la "Palestine", y compris les zones situées dans les frontières israéliennes d’avant 1967, telles que Jaffa et Haïfa. Les cartes de la région n’incluent pas l’État d’Israël, désigné dans le programme comme ‘l’occupation sioniste’.

Outre les critiques sur son système éducatif, l’UNRWA a également été ébranlé par d’autres scandales. Pendant la guerre de Gaza de 2014, on avait découvert des roquettes stockées dans les écoles par exemple

L’UNWRA a été sous le feu des critiques pour ne pas avoir clairement condamné les attaques du Hamas du 7 octobre. L’agence de l’ONU est-elle vraiment indépendante dans sa mission humanitaire ou cède-t-elle aux pressions du Hamas ? Comment l’ONU a pu en arriver là ?

  Non seulement elle n'a pas clairmement condamné les attaques du Hamas du 7 octobre, mais plusieurs enseignants de l’UNRWA ont montré leur soutien pour les atrocités du Hamas. Par exemple, le 10 octobre, un enseignant a écrit sur les réseaux sociaux qu'il "encourageait le Hamas à tuer des otages israéliens", citant des textes islamiques prônant "la sévérité envers l’ennemi". On note également que cent membres du Hamas ayant mené des attaques terroristes contre des Israéliens sont d'après plusieurs rapports, issus du système éducatif de l’UNRWA.

Cependant, il y a aussi une question peut-être plus fondamentale et plus philsophique concernant  l’UNRWA, qu'on a du mal à aborder, et qui explique en partie les problèmes auxquels l'UNWRA fait face. 

Depuis plus de 70 ans, chaque fois que des populations sont confrontées à des déplacements massifs au-delà des frontières internationales en raison d'une guerre ou d'une crise, les Nations unies interviennent pour fournir une aide d'urgence et une réhabilitation ou une réinstallation rapide par l'intermédiaire de son agence pour les réfugiés, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR). Le HCR a pour mandat de s'occuper de toutes les situations internationales de réfugiés, à l'exception d'une seule, celle des réfugiés palestiniens de la guerre israélo-arabe de 1948 (et de leurs descendants). Pour ce groupe de réfugiés, et pour eux seuls, il existe une agence des Nations unies distincte, l'UNRWA, qui dispose d'un financement et d'un mandat distincts.

La plupart des Palestiniens vivant donc dans la bande de Gaza par exemple sont enregistrés comme des réfugiés palestiniens, bien que presque tous soient nés à Gaza, tout comme leurs parents et grands-parents, et n’aient jamais été déplacés. Mais chaque jour, ils entendent, apprennent et reçoivent un tampon officiel de l’agence de l’ONU disant : “Ce n’est pas votre maison. Vous avez peut-être vécu ici toute votre vie, mais votre vrai foyer est là, de l’autre côté de la clôture, en Israël, et il vous a été pris.”

Ce que l’UNRWA donne réellement à ces Palestiniens, c’est un faux espoir de retourner un jour dans les maisons en Israël, abandonnées lors d’une guerre survenue bien avant leur naissance. Seuls environ 20 000 des réfugiés d’origine, réellement déplacés de leurs foyers en 1948, sont encore en vie. Je pense donc que le problemes des écoles de l'UNWRA sont presque une conséquence logique d'un problème bien plus fondamental.

Y a-t-il des moyens de contrôler les cours dispensés en classe dans ces écoles ? Les organismes internationaux sont-ils suffisamment fiables dans leurs contrôles ?

Vous l'aurez compris, je pense qu'une  discussion séparée est nécessaire sur le mandat et la mission de l'UNRWA et sur la question de savoir si tant de gouvernements occidentaux devraient injecter autant d'argent dans une organisation dont le seul but est de perpétuer, plutôt que d'atténuer, le conflit.

En attendant, contrôler les cours dans les écoles gérées par l'UNRWA et assurer la fiabilité des contrôles par les organismes internationaux est complexe mais possible. Vous avez mentionné les nombreux rapports publiés. Ils existent. Ce qui semble manquer est la volonté politique de faire payer  les conséquences réelles a l'UNRWA en cas de non-conformité avec ces normes. Aujourd'hui, et notamment une fois la guerre terminée, il  ne faut plus avoir la moindre indulgence.

Les programmes enseignés et l'idéologie véhiculée fragilisent-ils les espoirs de paix dans la région ?

Oui, bien sûr. Nous savons la force de l'éducation. Au lendemain de la guerre de 1939- 1945 l'un des premiers gestes du général De Gaulle et du chancelier Adenauer a été de mettre en place une commission franco-allemande pour retirer des manuels scolaires allemands les phrases anti-françaises et de retirer des manuels scolaires français les phrases anti-allemandes. À ce moment-là on a cessé de les appeler des « boches ». C'est notre responsabilité de veiller à ce que l'éducation prodiguée dans la région - souvent avec notre contribution financière - soit une éducation à la tolérance et à la paix et pas au martyr et à la haine.

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