Il est temps que l’Assemblée nationale adopte la définition de l’antisémitisme de l’IHRA

En 2018, le recensement annuel du ministère de l’Intérieur présente une augmentation de 74% des incidents antisémites et démontre une tendance lourde : la progression constante de l’antisémitisme en France depuis une vingtaine d’années.

En février 2019, la France, par la voix du président Emmanuel Macron, endosse officiellement la définition de travail de l’antisémitisme élaborée par l’Alliance Internationale pour la Mémoire de l’Holocauste (IHRA).

Dans le même temps, l’élu LREM de Paris et président du groupe de travail sur l’antisémitisme de l’Assemblée nationale Sylvain Maillard propose une résolution parlementaire avec pour objet son adoption. Initialement prévu fin mai, l’examen du projet est finalement reporté : « les députés se saisiront de la proposition de résolution sur l’antisémitisme dès les tout premiers jours du mois d’octobre » assure alors le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand dans un entretien pour le journal Le Figaro.

Cette définition, déjà adoptée par l’Union européenne (et quatorze Etats européens à l’échelle nationale), illustre les différentes formes de l’antisémitisme contemporain, y compris celles liées à la haine d’Israël. Le nouveau rapport de l’ONU sur l’antisémitisme appelle d’ailleurs tous les États membres à s’en emparer.

« Si les discours antisémites d’extrême droite constituent un réel danger pour les communautés juives européennes et sont aujourd’hui – et heureusement – largement combattus, il demeure quasi impossible de s’attaquer à l’antisémitisme dissimulé sous la haine d’Israël, pourtant très répandu sur le continent. La définition de travail de l’IHRA constitue donc aujourd’hui pour l’Europe un outil indispensable à la lutte contre l’antisémitisme », a affirmé Simone Rodan-Benzaquen, directrice d’AJC Europe.

Depuis de nombreuses années, AJC a non seulement œuvré à l’élaboration de cette nouvelle définition en étroite collaboration avec l’EUMC mais a également partout encouragé son adoption à l’échelle institutionnelle, nationale et populaire.

« Après l’étape essentielle franchie par le président Macron en février dernier, le Parlement doit sans nul doute emboîter le pas et conférer à cette définition le soutien populaire nécessaire », a déclaré Anne-Sophie Sebban-Bécache, directrice du bureau d’AJC en France.

« Aujourd’hui en France, certains visages de l’antisémitisme passent encore incognito. On n’ose pas déconstruire certains préjugés sous prétexte qu’ils font référence à des termes devenus tabous. Il y a urgence à faire de la pédagogie », exprime Anne-Sophie Sebban-Bécache, directrice d’AJC Paris.