AJC réagit au retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA)

8 mai 2018 – New York – Le directeur exécutif d’AJC David Harris réagissant à l’annonce faite par le Président Trump du retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, a fait la déclaration suivante :

Lorsque la signature du JCPOA a été annoncée le 14 juillet 2015, AJC a passé trois semaines à étudier l’accord, a rencontré une série d’officiels de haut niveau américains, européens et du Moyen-Orient, et s’est engagé dans une discussion interne très minutieuse. Ceci est par ailleurs à replacer dans le contexte d’un engagement d’AJC depuis près de deux décennies pour lutter contre la montée de la menace iranienne, menant des discussions innombrables de Beijing à Berlin, de Tokyo à Paris, de New Delhi à Bruxelles, de Washington aux Nations-Unies et bien au-delà.

Finalement, nous avions conclu que nous ne pourrions soutenir l’accord car nous craignions que ses manquements – absence d’élément contraignant sur le développement des missiles balistiques, aucune mention du comportement régional déstabilisateur de l’Iran, faiblesse de la surveillance des inspections du régime, et une date limite dangereuse pour l’accord – finissent par définir l’accord lui-même.

De plus, le fait que l’accord n’ait jamais été soumis au Sénat américain et qu’aucun sénateur républicain n’ait manifesté son soutien – ceci couplé au faible soutien de l’opinion publique d’après diverses enquêtes nationales – était l’assurance que le JCPOA serait en danger dès que les Républicains reviendraient au pouvoir.

C’est malheureusement et précisément comme cela que les choses se sont passées.

Aussi, malgré les prédictions répétées de l’administration Obama, dont nous avons plus d’une fois été les témoins, selon lesquelles le JCPOA permettrait de modérer le comportement iranien et conduirait à un rééquilibrage en faveur du développement et de la croissance économique du pays, Téhéran a renforcé son agression régionale, affiché de manière répétée sa capacité militaire, continué ses appels à l’annihilation d’Israël, répété  ses slogans de “mort à l’Amérique” et exhibé l’expansion de son programme balistique.

Et le remarquable coup de force des services de renseignements d’Israël a mis en évidence les stigmates persistants du régime iranien – duperie, tromperie et désinformation – et servent de mise en garde supplémentaire pour la communauté internationale quant aux réelles intentions du leadership iranien.

Le Président Donald Trump n’a jamais caché son mépris pour le JCPOA et son intention de retirer les Etats-Unis de cet accord. Mais il a aussi laissé ouverte la possibilité d’une alternative à l’abandon de l’accord si les alliés européens parvenaient à remédier sérieusement aux faiblesses majeures présentées par l’accord.

Pourtant, malgré les efforts salutaires menés des deux rives de l’Atlantique, un accord plein et entier sur la voie à emprunter échappe encore à ce jour aux Américains et aux Européens.

Ceci est profondément regrettable.

En dépit de nos nombreuses réserves concernant l’accord sur le nucléaire iranien, nous espérions néanmoins qu’à ce stade, le JCPOA serait modifié et non abandonné.

Nous pouvons seulement espérer que la décision du Président Trump aujourd’hui, aussi importante soit-elle, ne mettra pas un terme aux efforts pour atteindre un consensus transatlantique. La dernière chose que nous souhaitons serait de voir un écart se creuser entre les États-Unis et les partenaires européens, dont seul l’Iran serait le bénéficiaire accidentel. Et, étant données les menaces actuelles et futures de l’Iran pour la sécurité régionale et globale, c’est un résultat que personne ni aux État-Unis ni en Europe ne devrait souhaiter.