Radio J : La chronique hebdo de Simone Rodan-Benzaquen dans le Grand Journal du 5 novembre 2021. Thème : Une campagne très controversée
Vous avez sans doute suivi la polémique qui a eu lieu cette semaine émanant d’une campagne du Conseil de l’Europe, postée en ligne, qui a fait réagir une grande partie de l’échiquier politique français. Beauty is in diversity as freedom is in hijab » (« la beauté est dans la diversité comme la liberté est dans le hijab »).
En quelques heures, des milliers de messages postés sur les réseaux sociaux ont conduit la France à exprimer son désaccord profond, ce qui a permis de retirer cette campagne. Désapprobation très vive du gouvernement en effet, et, précision de notre Ministre des Affaires étrangères: rien à voir entre défense de la liberté de religion, lutte contre les discriminations et promotion active de la part d’une institution européenne d’un signe religieux ou vestimentaire en particulier.
Effectivement, l’objectif affiché de la campagne était de « sensibiliser » à la nécessité de respecter la diversité et l’inclusion tout en combattant les discours de « haine ». Mais ne nous y trompons pas, il ne faut voir ici que des mots-clés; la finalité d’une telle campagne est un soft power politique. Elle témoigne d’une dérive de grande ampleur, qui dure depuis trop longtemps: l’entrisme de promoteurs du hijab, l’entrisme progressif de plus en plus certain des Islamistes en Europe. De Femyso, l’organisation de jeunesse des (ou proche des) Frères musulmans (co-organisateurs de la campagne par ailleurs) en passant par le European Forum of Muslim Women, émanation féminine de Organisations Islamiques en Europe (UOIE) leur entrisme au sein des institutions européennes est bien établi.
Alors que de nombreux chercheurs et universitaires dénoncent les stratégies d’entrisme d’associations islamistes qui, sous-couvert de lutte contre les discriminations, ont réussi à infiltrer les institutions européennes, AJC alerte depuis des années, sur la nécessité pour l’Europe d’être extrêmement attentive quant aux récipiendaires des fonds qu’elle alloue.
Car la campagne du Conseil de l’Europe n’a rien d’un fait isolé. Ici, la campagne émanait de son programme de la lutte contre les discriminations et était cofinancée par la Commission européenne à hauteur de plusieurs centaines de milliers d’euros.
Cette même Commission a déjà financé et finance encore des organisations problématiques, et certaines même liées par exemple au CCIF pourtant dissout en France pour ses activités de propagande islamiste. Ces associations, dont nombre d’entre elles sont implantées à Bruxelles, connaissent particulièrement bien le fonctionnement des institutions européennes et ce qu’il faut faire pour pénétrer ces dernières.
Il en va de diverses organisations soi-disant de charité ou à but social mais qui sont pilotées entre autres par les Frères musulmans, afin de disséminer une idéologie plus que problématique sur le sol européen.
Mais il en va aussi des fonds qui sont alloués depuis des années à des ONG palestiniennes liées au terrorisme ou encore aux manuels scolaires palestiniens qui sont truffés d’incitation à la violence à destination des plus jeunes.
Face à ce phénomène, il est temps de mener une réflexion collective, à l’échelle des institutions européennes, sur ces pratiques et la première étape est sans nul doute d’instaurer d’urgence des mécanismes de contrôle plus stricts sur la destination des différentes aides allouées.
Pour la France, son opposition à cette campagne est primordiale. C’est même un enjeu politique sur le plan national. Les divers tenants de l'extrême droite se sont allègrement emparés depuis des années des débats concernant les relations entre Islam et République et s’apprêtent à les boire jusqu’à la lie dans le cadre de la campagne présidentielle. Il est donc important pour l’exécutif et sa majorité mais aussi à tous les partis républicains de montrer qu’ils sont capables de fermeté et d’actions concrètes sur ces sujets s’ils ne veulent pas laisser la lutte contre l’islamisme aux extrêmes.
Sur le plan européen, alors que la France s’apprête à prendre la présidence tournante de l’Union européenne dès janvier prochain, cela sera, espérons-le, une première impulsion. Car il lui faudra réussir à inciter le reste des pays européens à la suivre dans son combat contre l’islamisme, y compris quand celui-ci se manifeste plus discrètement comme par le biais d’associations paravent qui se targuent, faussement, de défendre la liberté et le droit des minorités. C’est un problème qui doit être pris à bras-le-corps, et de manière européenne.
L’enjeu est de taille, car il en va de notre sécurité culturelle, c’est-à-dire de notre cohésion en tant qu’ensemble politique et de notre capacité à défendre notre modèle commun de société, autant qu’il en va de notre sécurité physique.