Etat d’urgence ? Pas pour tout le monde
Par Simone Rodan Benzaquen
Mardi soir, des centaines de spectateurs se sont rendus à l’Opéra de Paris afin d’assister au spectacle de la compagnie de danse Batsheva.
L’Opéra de Paris est l’un des lieux les plus prestigieux de Paris. L’exigence de sa programmation, la beauté de son architecture, la grandeur de son histoire en font l’un des plus beaux joyaux de la culture française et participent au rayonnement international de notre pays.
Batsheva est une compagnie mondialement connue et récompensée de nombreuses fois par les plus grands prix de danse de la planète qui lutte, avec son art, pour repousser les frontières, promouvoir la paix, l’échange et le dialogue entre les peuples grâce à la culture.
C’est donc à une représentation exceptionnelle que s’attendaient celles et ceux qui avaient pris place dans l’Opéra de Paris pour assister à ce spectacle.
Mais voilà, Batsheva est une compagnie de danse israélienne.
Et dans l’esprit raciste de certains, cela signifie que ces danseurs n’ont pas le droit d’exercer leur métier, n’ont pas le droit de faire partager des émotions à un public. Non, parce qu’ils sont israéliens, parce qu’ils sont juifs ils doivent simplement se taire.
Réduire les artistes mais aussi les scientifiques, les universitaires, les créateurs ou les écrivains au silence, voilà l’ambition du collectif BDS initié par Omar Barghouti qui s’oppose à la solution de deux Etats ou d’Ali Abunimah qui se plaît à comparer Israël à l’Allemagne nazie.
Or comme l’ont rappelé à plusieurs reprises la justice française, le Président de la République, le Premier Ministre, le Ministre de l’Intérieur mais aussi tous les dirigeants de l’opposition républicaine, le boycott en raison de l’origine est non seulement immoral mais aussi totalement illégal.
Aussi, alors que la nation commémore actuellement les 17 victimes des attentats terroristes de janvier dernier et que l’état d’urgence a été proclamé sur tout le territoire par le Président de la République suite aux tragiques événements du 13 novembre, on aurait pu s’attendre de la part des pouvoirs publics à la plus totale vigilance face à celles et ceux qui souhaitent importer le conflit israélo-palestinien sur le sol français en n’hésitant pas à faire l’apologie du terrorisme et à défendre le boycott d’un Etat et de l’ensemble de ses citoyens.
C’est pourtant à des scènes surréalistes que l’on a pu assister mardi en plein Paris, devant l’Opéra Garnier : lecture-hommage des noms de terroristes palestiniens, drapeau israélien barré, slogans antisémites et complotistes…tout cela devant les forces de l’ordre et avec l’autorisation de la Préfecture de police de Paris.
Loin de s’arrêter là, les militants du BDS se sont infiltrés dans la salle de spectacle, ont perturbé la représentation en brandissant notamment des drapeaux palestiniens et en hurlant des slogans hostiles à Israël devant des spectateurs médusés d’être ainsi pris en otage par ces extrémistes alors qu’ils ne souhaitaient qu’assister à une représentation de danse.
Alors que plusieurs initiatives culturelles, écologistes ou festives n’ont pu se tenir ces dernières semaines à Paris en raison de l’état d’urgence, il est plus qu’étrange de voir qu’une manifestation qui veut réduire au silence des artistes simplement parce qu’ils sont israéliens ait pu se tenir sans aucun problème dans une ville encore meurtrie par les actes de guerre du 13 novembre.
Non, alors que la menace djihadiste continue de peser sur la France, il est impossible de fermer les yeux sur les agissements de ceux qui propagent dans les têtes et les cœurs le rejet du juif, la justification et le soutien au terrorisme.
La loi de la République doit s’appliquer pour tous et à fortiori contre celles et ceux qui veulent s’en prendre à ses valeurs. Au delà de commémorer les morts, sa mission, aujourd’hui comme demain est plus que jamais de protéger les vivants.