Un an après le 13 novembre : Le souvenir et l’action

Il y a un an, la France était frappée au cœur de sa capitale. 130 vies décimées par la barbarie islamiste terroriste. 130 innocents fauchés simplement parce qu’ils voulaient assister à un concert, un match de football, boire un verre entre amis, discuter, danser, s’aimer, bref vivre libres. Nous ne les oublions pas, nous ne pouvons pas les oublier. Nous avons encore en tête les visages jeunes et souriants des victimes s’affichant sur les réseaux sociaux, les témoignages des survivants, les larmes de leurs proches. Hélas, d’autres visages se sont affichés depuis sur nos écrans, d’autres actes de terreurs planifiés pour semer la mort et l’effroi ont été commis. On pense, bien sûr au prêtre Jacques Hamel, à ceux qui sont tombés le 14 juillet à Nice mais aussi ceux qui ont perdu la vie à Bruxelles ou à Orlando. 

Depuis les terribles attentats de Charlie Hebdo et de l’Hypercacher, notre pays est en guerre contre la folie génocidaire de Daesh. Depuis le 13 novembre, alors que les terroristes avaient auparavant délibérément choisi de cibler les Juifs, les apostats, les forces de l’ordre, les dessinateurs ayant représenté Mahomet, chacun sait aujourd’hui qu’il peut être visé. Car l’objectif de Daesh est bien de tuer ce que nous sommes, nous plonger dans la terreur et anéantir nos démocraties, nos libertés, nos droits, nos modes de vie.

Et pourtant que s’est il passé depuis un an ? Sommes-nous sortis du déni qui entoure l’ampleur du danger islamiste dans notre pays ?

Avons nous assisté à une prise de conscience de tous les relativistes qui expliquent, minimisent ou justifient la menace djihadiste ? Avons nous assisté à une véritable alliance des démocraties européennes en matière de coopération, d’échange et de renseignement dans la lutte contre le terrorisme, à la naissance d’une armée européenne? Sommes-nous parvenus à répondre efficacement aux apprentis sorciers de l’islamisme qui infantilisent nos compatriotes musulmans et veulent les séparer du reste de la société française en leur rabâchant que cette dernière les rejette, qu’elle est intrinsèquement raciste et qu’ils ne pourront jamais s’y intégrer ? Avons-nous réussi à empêcher les populistes de surfer sur les peurs en déroulant leur propagande excluante ? Avons nous convaincu leurs électeurs qu’ils se trompaient de colère ?

La réponse à ces questions rhétoriques, nous ne la connaissons que trop bien : c’est non ou trop peu.

En dehors de mots creux, peu à été fait pour défendre nos valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité face à la propagande nauséabonde de ceux qui veulent diviser notre société et provoquer des chocs de civilisation.  Peu a été fait pour expliquer ce que signifient concrètement ces valeurs et comment nous devons nous en saisir pour mener une vraie guerre idéologique contre l’islamisme et l’islam politique.

Nous devrions tout faire pour que l’Europe cesse d’être l’ère de jeu du Qatar et de l’Arabie Saoudite qui y financent une vision violente et passéiste de l’Islam. Nous devrions tout faire pour répondre aux inquiétudes de ceux qui se réfugient dans un vote extrémiste pour exprimer leur souffrance.

Pourtant jamais nos démocraties occidentales n’ont été aussi divisées, fracturées, menacées non seulement par la violence djihadiste mais aussi par les réactions xénophobes et extrémistes qu’elle suscite au sein des populations.  

Mais, c’est un fait, elles n’ont plus le choix. C’est maintenant que les démocraties libérales  doivent mener la bataille contre les idéologies de haine portées par les islamistes. Car si elles renoncent, ce sont les extrémistes – et notamment l’extrême droite en Europe abondamment financée par la Russie – qui vaincront. Il ne suffit pas de faire des discours, des articles et des tribunes qu’aucun électeur tenté par l’extrémisme ne voudra lire ou entendre. Il faut agir pour montrer que nos modèles de société et nos valeurs seront toujours préférables à celles, démagogiques, des défenseurs de l’exclusion. Cela suppose de ne pas se contenter de slogans mais d’aller à la rencontre de tous ceux qui se sentent abandonnés et déclassés.

Car, disons le clairement : la défaite de nos démocraties libérales n’est pas une fatalité. Il y a des alternatives à l’impuissance.

D’abord, nommer les choses en dénonçant clairement la barbarie islamiste.

Ensuite, appliquer vraiment la loi : ne plus tolérer que les lois de la République soit constamment défiées ou que l’on puisse s’arranger avec les autorités pour avoir la paix sociale.

Puis, prendre de nouvelles dispositions : lutter contre les flux financiers illégaux qui alimentent le terrorisme, plaider pour un système européen d’autorisation de voyager comme aux Etats-Unis et mobiliser l’ensemble des polices européennes pour détecter les déplacements d’individus radicalisés.

Impliquer concrètement les citoyens dans la lutte contre le terrorisme et cela, au-delà de la seule réserve citoyenne.Il faut former nos jeunes à la vigilance, aux premiers secours, faire en sorte que les citoyens puissent réagir, contrer même éventuellement une attaque.

Enfin, il faut bâtir un contre-discours. En prison notamment où de vrais programmes de prévention de la radicalisation doivent être mis en place. Sur tous nos territoires, faire aimer la république en désenclavant nos banlieues, en y créant de vraies dynamiques entrepreneuriales, en donnant à chacun les clés pour réussir, les indications sur comment monter son entreprise, comment accéder à l’emploi. Offrir, en outre, des perspectives d’avenir à ceux qui sont les talents de demain mais qui ne croient plus à l’égalité des chances.

Mais aussi dans les médias où il est temps d’arrêter de  prendre pour interlocuteurs de la communauté musulmane des organisations islamistes comme l’UOIF ou le CCIF. Il faut en finir aussi avec l’autocensure : oui, il faut lutter contre toutes les tentations racistes envers les musulmans et oui, nous savons que l’écrasante majorité d’entre eux n’a rien à voir avec les djihadistes mais plus aucun compromis n’est possible avec ceux qui continuent d’une manière ou d’une autre à défendre les salafistes et les islamistes ou à minimiser leurs actions.

Nos dirigeants ont, à cet égard, le devoir de prendre leurs responsabilités : en soutenant les voix qui dans le monde musulman soutiennent notre modèle démocratique et républicain et en interdisant l’ingérence et le financement de pays dictatoriaux dans le fonctionnement de l’Islam de France.

Au delà des commémorations et des minutes de silence, le seul hommage digne que nous pouvons rendre aux victimes est de défendre ardemment nos valeurs voire de les réinventer. Créons un système immunitaire moral plus fort, une « idéologie » plus puissante que celles de nos ennemis. 

Face à l’apathie, au découragement et à la résignation, choisissons d’être combattifs.